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expliqué par Rudolf Steiner

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Titres des conférences données à Nuremberg du 18 au 30 juin 1908:

   Première conférence : L'Apocalypse, description de l'initiation chrétienne

   Deuxième conférence : La nature de l'initiation. Les premier et deuxième Sceaux

   Troisième conférence : Les lettres aux sept communautés

   Quatrième conférence : Les sept sceaux et leur ouverture

   Cinquième conférence : L'évolution de l'homme et l'évolution de la terre. Les vingt-quatre Vieillards et la Mer de cristal.

   Sixième conférence : L'homme aux époques lémuriennes et atlantéenne. Le Mystère de Golgotha.

   Septième conférence : La formation de l'individualité consciente. La descente dans l'abîme. La race bonne et la race mauvaise.

   Huitième conférence : L'évolution à venir de l'humanité. Les civilisations des sept Sceaux et les sept Trompettes.

   Neuvième conférence : Le passage à la terre spiritualisée. La femme vêtue de soleil. La bête à sept têtes et à dix cornes

   Dixième conférence : Le cours de l'évolution à travers les sept états de conscience, les sept états de vie et les sept états de forme. L'effusion des Coupes de colère.

   Onzième conférence : Le nombre 666. Soradt, le démon solaire. La chute de Babylone et les noces de l'Agneau. La Jérusalem nouvelle. La victoire de Michaël sur le dragon.

   Douzième conférence : La première et la seconde mort. Le nouveau Ciel et la nouvelle Terre. Origine de l'Apocalypse.

   Notes : Remarques sur le nombre 666 dans la onzième conférence

Conférence du 18 juin 1908

L'Apocalypse, description de l'initiation chrétienne


L'Apocalypse de Jean ne contient rien de moins qu'une grande partie des Mystères du christianisme, il contient la substance la plus profonde de ce que nous devons appeler le christianisme ésotérique. Rien d'étonnant par conséquent à ce que, de tous les documents, il ait été le plus mal compris. Presque dès le début du courant spirituel chrétien, il l'a été de tous ceux qui n'étaient pas de véritables initiés chrétiens. Et il a été mal compris aux époques les plus diverses selon l'esprit et le style de ce que pensaient et élaboraient ces époques. Il a été mal compris par les époques dont on peut dire qu'elles pensaient matériellement l'esprit, par celles où les grands courants religieux ont été de force entraînés vers le fanatisme des partis, et il a été mal compris à l'époque moderne par ceux qui croyaient pouvoir résoudre les énigmes du monde dans l'esprit du matérialisme le plus grossièrement lié au sensible. Les hautes vérités spirituelles révélées au début du christianisme, et à la vision desquelles étaient amenés ceux qui pouvaient les comprendre, se trouvent donc esquissées, autant qu'on peut le faire par écrit, dans l'Apocalypse de Jean, dite canonique. Mais dès les premiers temps de l'ère chrétienne, la pensée exotérique n'était guère capable de comprendre la substance profondément spirituelle que recèle le christianisme ésotérique. De sorte que dès les tout premiers temps du christianisme, le courant exotérique a conçu qu'allaient se passer sur la scène extérieure, matérielle du monde civilisé, les faits de l'évolution spirituelle qui se déroulent sur le plan de l'esprit et sont discernables et accessibles à celui dont le regard pénètre dans le monde spirituel. Ainsi, alors que l'auteur de l'Apocalypse y formule les résultats de son initiation chrétienne, les autres ne les comprirent que dans un sens exotérique et pensèrent que ce que le grand clairvoyant a vu, et dont l'initié sait que le déroulement en est spirituellement perceptible des millénaires à l'avance, devait s'accomplir à brève échéance dans la vie extérieure, sensible. C'est ainsi qu'on en vint à penser que l'auteur de l'Apocalypse aurait voulu parler d'une descente, d'un retour du Christ Jésus venant des nuages matériels, dans un temps très proche. Comme ce retour ne se produisait pas, on en recula simplement la date en disant : Une ère nouvelle a commencé avec l'apparition du Christ Jésus, qui doit apporter un renouveau de l'ancienne religiosité. Mais elle ne durera -et l'on donnait à ce mot un sens matériel - que mille ans, et alors s'accompliront sur le plan physique sensible les premiers événements décrits dans l'Apocalypse.
Et en effet, aux approches de l'an mil, beaucoup de gens attendirent l'apparition de quelque force hostile au christianisme, d'un Antéchrist présent dans le monde sensible. Et comme cela ne se produisait toujours pas, on en recula à nouveau la date, mais en même temps les prédictions de l'Apocalypse furent élevées au rang de symboles, alors que les ésotéristes les plus matérialistes se les représentaient plutôt réalisées physiquement. Lorsque se répandit une vue du monde matérialiste, on développa une certaine conception symboliste de ces choses, et l'on vit dans la description des faits extérieurs des allusions symboliques.
Au XII-ème siècle apparut un homme, mort au début du XIII-ème, qui donna de ce document une explication mémorable : Joachim de Flore. Il était en effet d'avis que le christianisme recèle une force spirituelle très puissante, que cette force devrait se répandre de plus en plus, mais que le christianisme extérieur avait constamment déformé dans un sens matériel ce christianisme ésotérique. Ainsi la conception de cet homme prit-elle chez plus d'un la forme selon laquelle cette matérialisation de la spiritualité du christianisme était due à un élément hostile, anti-chrétien, qu'il fallait chercher dans l'Eglise des papes. Et au cours des siècles suivants, cette conception se trouva alimentée du fait que certains ordres religieux accordaient une grande valeur au spiritualisme du christianisme, à l'élément touchant la sensibilité spirituelle. Joachim de Flore trouva ainsi parmi les Franciscains des adeptes qui considéraient le pape comme le symbole de l'Antéchrist. A l'époque du protestantisme, cette conception fut reprise par ceux qui voyaient dans l'Eglise romaine une apostasie, et cherchaient le salut dans la Réforme. Ils voyaient plus nettement encore dans le pape le symbole de l'Antéchrist, et le pape, en revanche, le voyait dans Luther. On comprenait l'Apocalypse de façon telle que chaque parti l'interprétait selon sa propre conception, sa propre opinion. L'adversaire était toujours l'Antéchrist, et l'on identifiait son propre parti avec le véritable christianisme.
Cette situation se prolongea jusqu'à une époque récente où apparut le matérialisme moderne, si grossier que celui des premiers siècles du christianisme dont je vous ai parlé ne lui est pas même comparable. Car en ces temps-là, on avait encore une certaine foi en l'esprit, une certaine conception de l'esprit. Les hommes ne pouvaient seulement pas le comprendre, parce qu'ils n'avaient pas d'initiés parmi eux. On avait encore un sens de l'esprit, car même si l'on se faisait de la descente d'un être sur un nuage une représentation grossièrement sensorielle, il fallait pour cela une foi en l'esprit. Avec le matérialisme grossier du XIXe siècle, ce ne fut plus possible. Les idées que se faisait de l'Apocalypse un authentique matérialiste du XIXe siècle peuvent être caractérisées ainsi : Personne ne peut prévoir l'avenir, puisque moi-même je ne le puis pas. Ce que je ne peux pas voir, un autre ne peut pas le voir non plus. Parler de l'existence d'initiés, c'est le fait d'une vieille superstition. Cela n'existe pas. La connaissance normale, c'est ce que moi je sais. J'entrevois à peine ce qui arrivera dans les dix prochaines années, personne ne peut donc prédire ce qui doit arriver dans des milliers d'années. Par conséquent, pour que celui qui a écrit l'Apocalypse soit considéré comme un honnête homme, il faut qu'il ait parlé de ce qu'il a déjà vu, car moi aussi je ne connais que ce qui a déjà eu lieu et que les documents transmettent. L'auteur del'Apocalypse ne pouvait donc rien voir d'autre. Que peut-il donc raconter ? Seulement ce qui s'est passé avant lui. Par conséquent, dans les événements de l'Apocalypse, dans les conflits entre le monde de la bonté, de la sagesse, de la beauté, et celui de la laideur, de la folie, de la méchanceté, dans cette opposition dramatique, on n'a rien d'autre à voir que ce que cet homme a vécu lui-même, et qui était déjà arrivé. Ainsi parle le matérialiste moderne. Il pense que l'auteur de l'Apocalypse décrit comme lui-même le ferait.
Qu'est-ce qui était donc, pour un chrétien des premiers siècles, la chose à peu près la plus horrible ? Ce devait être la Bête qui se dresse contre la puissance spirituelle du christianisme, contre le véritable christianisme. Malheureusement, si quelques hommes en ont perçu la signification de loin, ils n'ont pas pu la comprendre pleinement. Dans certaines écoles ésotériques, on pratiquait une écriture chiffrée ; certains mots qu'on ne voulait pas communiquer dans l'écriture ordinaire étaient exprimés par des chiffres. Et comme pour beaucoup d'autres choses, on exprimait par des chiffres quelques-uns des profonds secrets de l'Apocalypse, et en particulier certains événements dramatiques par le nombre 666. On savait que l'on devait manier les chiffres de façon particulière, notamment quand l'attention était attirée avec insistance comme par les mots : Ici est la sagesse . Le nombre de la Bête est 666 . Avec ces indications, on savait qu'on doit remplacer les chiffres par certaines lettres pour savoir ce qu'ils signifient. Or, ceux qui l'avaient entendu dire sans savoir vraiment comment faire, découvrirent, guidés par leur conception matérialiste, qu'en remplaçant les chiffres du nombre 666 par des lettres, on obtient le mot Néron ou César Néron. Et vous pouvez lire aujourd'hui, dans une grande partie des livres consacrés à l'Apocalypse, ceci : les gens étaient autrefois si peu sensés qu'ils lisaient toutes sortes de secrets dans ce passage, mais aujourd'hui le problème est résolu. Nous savons maintenant qu'il s'agit simplement de Néron, de César Néron. Il est clair que l'Apocalypse a été écrite après le règne de Néron, que son auteur a voulu dire qu'en Néron apparut l'Antéchrist, et que son récit dramatique évoque en les grossissant des faits antérieurs. Il suffit donc de rechercher ce qui s'est passé immédiatement avant, et l'on trouve ce que l'auteur de l'Apocalypse a voulu décrire. Il y eut en effet en Asie Mineure des tremblements de terre au moment de la lutte entre Néron et les chrétiens. C'est à ces tremblements de terre que font allusion l'ouverture des Sceaux et les sonneries des Trompettes. Il parle aussi d'invasions de sauterelles, et justement, à cette époque, il y eut des invasions de sautèrelles durant les persécutions des chrétiens par Néron. L'auteur de l'Apocalypse en parle donc. C'est ainsi que le XIXe siècle est parvenu à donner un sens matérialiste au plus profond des documents chrétiens, à n'y voir que ce que peut constater une observation matérialiste du monde. Ceci n'est dit que pour montrer à quel point ce document le plus profond, le plus important du christianisme ésotérique, a été mal compris.
Il nous est dit que celui qui formule le contenu de l'Apocalypse avait été ravi en esprit , que ce qu'il donne a été perçu en esprit ; ce doit être pour nous tout d'abord le signe que ce contenu provient d'un état de conscience supérieur auquel l'homme parvient par le développement de la faculté créatrice de l'âme, par l'initiation. Ce que l'on ne peut ni voir ni entendre dans le monde sensible, ni percevoir à l'aide des sens, est contenu dans ce qu'on appelle la révélation secrète de saint Jean, sous la forme où le christianisme pouvait le communiquer au monde. Nous avons donc, dans l'Apocalypse de Jean, la description d'une initiation chrétienne. Il suffit que nous évoquions intérieurement, fugitivement, dirons-nous, ce qu'est l'initiation. Nous approfondirons toujours plus ce thème, cette question : que se passe-t-il dans l'initiation ? Et nous étudierons toujours plus à fond la question : quel rapport a l'initiation avec le contenu de l'Apocalypse ? Mais tout d'abord, nous en ferons à grands traits comme une esquisse au fusain, et c'est ensuite seulement que nous passerons à une description détaillée.
L'initiation est le développement des forces et des facultés sommeillant en toute âme humaine. Pour se faire une image de ce qui se passe en réalité, il faut avant toute chose se représenter clairement ce qu'est la conscience de l'homme normal d'aujourd'hui ; on voit mieux alors en quoi la conscience de l'initié s'en distingue. Comment est donc la conscience de l'homme normal d'aujourd'hui ? Elle varie. Deux états tout à fait différents alternent, celui de la veille diurne, et celui du sommeil nocturne. La conscience dont nous disposons le jour, à l'état de veille, est telle que nous percevons les objets qui nous entourent, et nous les relions entre eux par des concepts qui ne peuvent se former que grâce à un instrument physique, le cerveau humain. Chaque nuit, le corps astral et le Je se dégagent des éléments inférieurs de l'entité humaine, du corps physique et du corps éthérique, et par là même les objets matériels autour de lui sombrent dans l'obscurité pour la conscience de l'homme actuel, plongée jusqu'au réveil non seulement dans cette obscurité, mais dans ce qu'on appelle l'inconscience totale. C'est l'obscurité complète autour de l'être. Car aujourd'hui, le corps astral de l'homme est organisé de façon telle qu'il ne peut percevoir par lui-même rien de ce qui l'entoure. Il lui faut pour cela des instruments, et ces instruments, ce sont les sens physiques. C'est pourquoi, le matin, l'homme doit réintégrer son corps physique pour se servir de ses sens.
Pourquoi le corps astral ne voit-il rien lorsque pendant le sommeil nocturne il est dans le monde spirituel ? Pourquoi ne perçoit-il rien ? Pour la même raison qui fait qu'un corps physique dépourvu d'yeux et d'oreilles ne pourrait percevoir ni les couleurs, ni les sons du monde physique. Le corps astral n'a pas d'organes pour percevoir le monde astral. Le corps physique était, dans la nuit des temps, dans la même situation. Il n'avait pas encore les yeux et les oreilles qui furent modelés plus tard en lui. Les éléments et les forces extérieurs le ciselèrent et formèrent ses yeux et ses oreilles, et le monde, invisible jusque-là, se révéla à lui.
Supposons que le corps astral, qui se trouve actuellement dans les mêmes conditions que le corps physique autrefois, puisse être à son tour traité de telle manière que des organes y soient modelés comme les yeux l'ont été par la lumière du soleil, et les oreilles par l'univers des sons, dans la masse du corps physique. Supposons que l'on puisse, dans un corps astral malléable, modeler des organes : ce corps astral serait alors dans la même situation que le corps physique actuel. Il faut donc, comme un sculpteur donnant forme à l'argile, travailler ce corps astral pour y former les organes qui perçoivent le monde suprasensible. C'est la première chose nécessaire. Si l'homme veut devenir clairvoyant, il faut que son corps astral soit traité comme l'est le bloc d'argile par le sculpteur. Il faut qu'y soient modelés des organes. C'est ce qui, de tout temps, était accompli dans les écoles d'initiation et dans les Mystères. On y travaillait à modeler des organes dans le corps astral.
Mais en quoi consiste l'activité qui les forme ? On pourrait penser qu'il faut d'abord isoler ce corps astral, l'avoir devant soi avant de pouvoir y modeler les organes. On pourrait dire : Si j'isolais le corps astral pour l'avoir sous les yeux, je pourrais y modeler les organes. Mais ce ne serait pas là la bonne méthode, et surtout pas celle que doit suivre l'initiation moderne. Certes, un initié capable de vivre dans les mondes spirituels pourrait, lorsque durant la nuit le corps astral est dégagé, y modeler les organes comme un sculpteur. Mais ce serait agir sur un individu à son insu, intervenir dans la sphère de sa liberté sans qu'il en ait conscience. Nous verrons pourquoi, depuis longtemps déjà et en particulier à notre époque, cela ne doit jamais se faire. C'est pourquoi, dans les écoles ésotériques comme celle de Pythagore ou de l'Egypte, il fallait éviter que les initiés travaillent de l'extérieur dans le corps astral alors qu'il était dégagé du Corps physique et du corps éthérique du néophyte. Il fallait éviter cela. Le premier pas vers l'initiation devait être préparé dans le monde physique ordinaire, celui où l'homme perçoit à l'aide de ses sens physiques. Mais alors, comment opérer, puisque c'est justement la perception physique qui, en apparaissant dans l'évolution terrestre, a jeté un voile sur le monde spirituel qu'autrefois l'homme a pu percevoir, bien que dans une conscience assourdie ? Comment donc exercer sur le corps astral une action partant du monde sensible ?
Il nous faut ici nous représenter en quoi consiste la perception ordinaire, sensorielle, diurne. Que se passe-t-il donc durant que l'homme perçoit dans la journée ? Pensez à votre vie quotidienne, suivez-la pas à pas. A chaque instant, des impressions vous assaillent du dehors. Vous les percevez, vous voyez, vous entendez, vous sentez, etc. Pendant tel ou tel travail, les impressions vous arrivent en foule. Vous les élaborez avec votre intellect. Le poète, qui n'est pas un inspiré, les transforme avec son imagination créatrice. Tout cela est vrai, mais ne peut conduire tout d'abord l'homme à prendre conscience de l'élément suprasensible, spirituel, qui réside derrière le sensible, derrière la matière. Pourquoi cet élément ne parvient-il pas à la conscience de l'être humain ? Parce que toute l'activité que celui-ci consacre au monde extérieur ne correspond pas au corps astral, à sa véritable nature actuelle. Autrefois, lorsque dans un passé infiniment lointain le corps astral qui était celui de l'homme percevait en images astrales la joie et la douleur, la sympathie et l'antipathie, les impulsions intérieures spirituelles étaient présentes qui provoquaient en l'homme la formation d'organes. Ces impulsions furent anéanties lorsque l'être humain devint sensible à toutes les influences de l'extérieur. Aujourd'hui, il n'est pas possible que subsiste dans le corps astral, de toutes les impressions que l'homme reçoit durant le jour, ce qui le modèle et le forme.
Le processus de perception est le suivant : toute la journée, des impressions du monde extérieur affluent vers nous. Elles agissent par les sens sur les corps éthérique et astral jusqu'à ce que le Je en prenne conscience. Dans le corps astral s'impriment les effets de ce qui a impressionné le corps physique. L'oeil reçoit les impressions lumineuses, qui se communiquent au corps éthérique et au corps astral, et le Je en prend conscience. Il en est de même pour les impressions qui parviennent aux oreilles et aux autres sens. Toute la journée, cette action s'exerce sur le corps astral qui est continuellement en activité sous l'effet de ce qui lui vient du dehors. Puis, le soir, il se dégage. Il ne possède plus alors les forces de rendre conscientes les impressions venant du monde qui l'entoure. Car les anciennes forces de perception qu'il possédait dans un lointain passé ont été anéanties lors des premières perceptions du monde sensible actuel. La nuit, il est dépourvu de ces forces parce que la vie diurne dans son ensemble n'est pas faite pour lui laisser ce qui le transformerait. Tout ce que vous voyez autour de vous exerce une action sur le corps astral. Mais cette action n'est pas capable de créer des formes qui pourraient devenir des organes astraux. Il faut donc que le premier pas de l'initiation consiste à faire accomplir par l'homme quelque chose pendant la journée, à faire de son âme le champ où s'accomplisse ce qui continue d'agir quand la nuit le corps astral est séparé du corps éthérique et du corps physique. Représentez-vous donc, disons au figuré, qu'un homme pleinement conscient reçoive l'indication de quelque chose à faire dont l'ordonnancement ait été choisi de façon telle que l'action s'en prolonge au delà de la journée. Représentez-vous cet effet comme un son qui continuerait de vibrer quand le corps astral est dégagé ; cette vibration prolongée, ce seraient les forces qui exercent une action modelante, plastique, à la manière dont autrefois les forces extérieures ont travaillé au corps physique. Le premier pas de l'initiation a toujours consisté à faire faire au néophyte, durant la vie de veille, quelque exercice dont l'écho se prolonge dans sa vie nocturne. Tout ce qu'on a appelé méditation, concentration, et tous les exercices que l'homme pratiquait pendant sa vie diurne, ne sont rien d'autre que des activités de l'âme dont les effets ne s'annihilent pas quand le corps astral se dégage, mais se prolongent et deviennent dans le corps astral, pendant la nuit, des forces formatrices.
On appelle cela purifier le corps astral, le purifier de ce qui ne lui convient pas. C'était le premier pas, appelé aussi catharsis, purification. Ce n'était pas encore une activité au sein des mondes suprasensibles. Elle consistait en exercices intérieurs que l'homme pratiquait durant le jour, en une sorte d'entraînement de l'âme. Elle faisait acquérir certaines formes de vie, certaines attitudes intérieures dans la vie, une certaine manière de vivre qui se prolongeaient et travaillaient dans le corps astral jusqu'à ce qu'il soit transformé, jusqu'à ce que des organes s'y soient développés.
Lorsque l'homme avait progressé suffisamment pour que ces organes aient pris forme dans le corps astral, le pas suivant consistait à imprimer dans le corps éthérique ce qui avait été modelé dans le corps astral. Comme les lettres d'un cachet s'impriment dans la cire, tout ce qui avait ete accompli dans le corps astral devait s'imprimer dans le corps éthérique, et c'était là le second pas de l'initiation, ce qu'on appelait l'illumination. Car on parvenait ainsi à un moment très important de l'initiation. Un monde spirituel apparaissait autour de l'homme, comme était présent auparavant le monde sensible. Cette étape est caractérisée aussi par le fait que ce qui se passe dans le monde spirituel ne s'exprime pas comme le font les choses physiques, mais en images. A ce niveau de l'illumination, le monde spirituel s'exprime tout d'abord en images, l'être humain voit des images. Pensez à l'initié d'autrefois dont je vous ai dit qu'il voyait l'âme-groupe du peuple. Lorsqu'il était parvenu là, il voyait tout d'abord cette âme-groupe sous forme imagée. Pensons par exemple à un initié comme Ezéchiel. Lorsque commença pour lui l'illumination, des êtres spirituels lui apparurent, les âmes-groupes des peuples parmi lesquelles il se trouvait, des âmes-groupes sous la forme de quatre animaux symboliques. C'est ainsi que tout d'abord le monde spirituel se manifestait à l'homme en images significatives. C'était le premier degré. Ensuite venait la pénétration dans le corps éthérique. Aux images venait alors s'ajouter ce qu'on appelait la musique des sphères. Le monde spirituel supérieur est perçu en sonorités. Après l'avoir, par l'illumination, perçu en images, l'initié plus évolué commence à percevoir les sons perceptibles à l'oreille spirituelle. Puis l'on aborde une transformation ultérieure du corps éthérique, et dans une sphère plus élevée encore, il apparaît autre chose. Vous pouvez entendre des sons si par exemple un homme que vous ne voyez pas parle derrière un paravent. Il en est à peu près de même avec le monde spirituel. Il se présente tout d'abord en images, puis il retentit, et le dernier voile tombe - comme si l'on enlevait l'écran derrière lequel l'homme parle : nous voyons l'homme lui-même. Nous voyons le monde spirituel lui-même, les êtres du monde spirituel. Nous percevons tout d'abord les images, puis les sons, puis les êtres, et enfin la vie de ces êtres.
Les images de ce qu'on appelle le monde imaginatif, on ne peut que les esquisser en se servant comme symboles des images puisées au monde sensible. On ne peut donner qu'une idée de la musique des sphères par des comparaisons avec la musique physique. Mais qu'est-ce qui est comparable à la vision des êtres au troisième degré ? On ne peut lui comparer que ce qui constitue aujourd'hui l'être le plus intime de l'homme, son activité accomplie dans l'esprit de la volonté divine universelle. Lorsque l'homme agit conformément à la volonté de ces entités spirituelles qui font progresser notre univers, sa nature devient semblable à la leur, et il percevra ce qui vit dans cette sphère. Ce qui en lui s'oppose à l'évolution de l'univers, ce qui retarde le progrès du monde, il le perçoit alors comme quelque chose à éliminer, comme un dernier voile qui doit tomber.
L'homme perçoit donc tout d'abord un monde d'images, expression symbolique du monde spirituel ; puis le monde de l'harmonie des sphères, expression symbolique d'une sphère spirituelle plus élevée ; puis un monde d'entités spirituelles qu'il ne peut se représenter aujourd'hui qu'en le comparant avec ce qu'on a en soi de plus profond, avec ce qui nous pousse à agir dans le sens des forces bonnes, ou bien dans le sens des forces mauvaises.
Ces étapes, le néophyte les parcourt, et l'Apocalypse de Jean en est la description fidèle. Le point de départ, c'est le monde physique. Ce que l'on peut dire tout d'abord avec les moyens du monde physique est dit dans les sept Lettres aux Eglises. Ce qu'on veut faire dans le cadre de la civilisation physique, ce qu'on veut dire à ceux qui agissent dans le monde physique, on le leur dit dans des lettres. Car le mot formulé dans une lettre peut avoir une action dans le monde physique. Le premier degré donne des symboles qui doivent être reliés à ce qu'ils expriment dans le monde spirituel : après les sept Lettres vient le monde des sept Sceaux, le monde des images, le premier degré de l'initiation. Puis vient le monde de l'harmonie des sphères tel que le perçoit celui qui peut entendre en esprit. Il est représenté par les sept Trompettes. Le monde suivant, dans lequel l'initié perçoit des êtres, est représenté par ceux qui apparaissent à ce niveau et qui rejettent les Coupes, les forces opposées à celles de Dieu. Le contraire de l'amour divin, c'est la colère divine. Le véritable visage de l'amour divin, qui fait progresser le monde, est perçu dans cette troisième sphère par ceux qui se sont libérés dans le monde physique des sept Coupes de colère.
Voilà comment le néophyte est conduit graduellement à travers les sphères de l'initiation. Dans les sept Lettres de l'Apocalypse de Jean, nous avons ce qui relève des sept catégories du monde physique ; dans les sept Sceaux, ce qui appartient au monde imaginatif ou astral ; dans les sept Trompettes, ce qui appartient au monde spirituel, au Dévachan supérieur ; et dans les sept Coupes de colère, ce qui doit être rejeté quand l'homme veut accéder au degré de spiritualité le plus élevé que l'on puisse atteindre dans notre monde, car ce domaine spirituel supérieur est encore en rapport avec celui-ci.
' Nous ne voulions établir aujourd'hui que la structure extérieure de ce qu'est l'Apocalypse. Quelques traits rapides et peu nombreux ont pu nous indiquer que l'Apocalypse est un écrit initiatique. Nous ferons demain les premiers pas vers le développement de cette esquisse rapide.

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