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"La Vie après la Mort"

La mort comme fin de la vie est une illusion car il n'y a pas que le monde physique mais aussi le monde spirituel. On peut imaginer que la vie après la mort est aussi riche et variée que la vie qui s'écoule de la naissance jusqu'à la mort. Dès lors tout ce qui suit ne peut être que des fragments ou des détails de ce qui nous attend tous et toutes. Pour commencer, voici ce que dit les évangiles dans Luc 16: 19-31.

Il est vrai que l'histoire semble un peu caricaturale mais il ne faut pas s'y méprendre, des choses très importantes sont révélées dans ces passages. D'abord il faut noter qu'une fois décédé, malgré l'absence de corps physique on peut voir (sauf que la portée de la vue varie selon le bagage spirituel acquit sur terre), parler (connu aussi sous le terme communication non verbale), écouter, avoir des sensations agréables et désagéables, se déplacer (sauf qu'on ne peut pas vraiment aller où l'on veut). La notion de faim ou de soif ne devrait plus exister dans l'au-delà sauf si le décédé fait des "fixations" sur les nourritures terrestres. De même il n'est pas nécessaire de porter des vêtements selon la saison ou selon la mode, ni de travailler sauf pour ceux et celles qui conservent leur habitudes terrestres de shoping ou de gains financiers. Un autre point très important, les souvenirs de ce qu'on a fait sur terre restent, indépendamment de l'absence du cerveau, ce qui est aussi un défi pour la science actuelle qui ignore tout du corps éthérique. Si on analyse ce qui a provoqué les malheurs de l'homme riche dans l'au-delà (soif et brûlure ressenties par le corps astral ou corps de sensation et qui comme nous le verront plus loin, sont aussi ressentis par les suicidés) c'est tout simplement parce que de son vivant, il a voulu utiliser sa richesse uniquement pour ses désirs égoïstes. Cette attitude non chrétienne est source de malheur dans l'au-delà. L'évangile de Matthieu 25: 34-46 nous le rapelle.

Chacun, quelle que soit sa confession, doit être conscient que la vie après la mort n'est que la suite de ce que nous avons fait ici sur terre. En lisant le verset 31, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu'un des morts ressusciterait on est en droit de penser que c'est un peu éxagéré. Malheureusement, ce n'est pas le cas !

Peut-être que le lecteur a déjà entendu parler des expériences de mort apparente ou NDE (near death experience). C'est souvent une personne en train de subir une opération chirurgicale ou victime d'un grave accident, qui se voit sortir de son corps et qui voit et entend tout ce qui se passe et ce qu'on dit autour de lui. Parmi ces NDE, quelques uns ont encore eu la chance de visiter l'autre monde et purent revenir et raconter ce qu'ils ont vu. Ces gens-là, une fois revenu sur terre, ont changé complètement leur attitude face à la vie. Telle est le cas d'une femme habitant au sud de Madagascar et qu'on appelle Maman Christine. Après une grave maladie qui s'est déclenchée soudainement en quelques jours elle mourut et une fois au ciel, elle a rencontré Jésus qui l'appelle d'ailleurs Eva, et qui lui dit qu'elle a une mission à faire et qu'elle doit revenir sur terre. A quelques heures de son enterrement, elle ouvrit les yeux et put de nouveau reprendre des forces et retourner petit à petit à ses occupations. Sauf que depuis son retour à la vie, tout le monde venait auprès d'elle car elle avait le don de guérir les malades par la prière et créa ce qu'on appelle un "toby", un centre consacré à louer et prier Dieu et subsidiairement à guérir et exorciser les gens possédés. Et c'est ici que le verset 31 nous interpelle. Les personnes qui venaient voir Maman Christine, venaient à elle pour être guéries mais n'ont pas changé leur mode de vie paienne. La conséquence c'est que le don de guérison de maman Christine lui fut enlevé. Une autre conclusion à tirer de cette histoire c'est que quelque part, nos maladies sont là pour nous rappeler que nous devons confier notre vie à Dieu. Je tiens juste à rappeller que cette histoire est véridique et actuelle. A bon entendeur...

Voyons maintenant comment Rudolf Steiner décrit avec la précision qui est la sienne, ce qui se passe dans l'autre monde. Il nous indique clairement que la rencontre avec le Christ dans l'au-delà est la voie indispensable pour que notre parcours spirituel se passe au mieux et confirmant ainsi ce qui est dit dans l'évangile de Jean 11:25-26.

Des paroles de ce genre doivent être lues aux défunts selon la méthode qui est indiquée dans les paragraphes suivantes car le risque existe pour certains de sombrer dans l'inconscience une fois le seuil de la mort franchi. Lorsque nous nous endormons la nuit, si nos pensées sont élévées c'est-à-dire détachées des choses matérielles, elles constituent une nourriture pour les défunts, en particulier ceux qui nous sont proches. Ceci explique aussi pourquoi c'est écrit dans Ephésiens 4:26-27
    26. Si vous vous mettez en colère, ne péchez point; que le soleil ne se couche pas sur votre colère,
    27. et ne donnez pas accès au diable
Voici un extrait d'une de ses conférences sur le sujet. Celle-ci a été donnée à Breslau le 5 avril 1913.

...
Un cas particulier peut nous servir de point de départ. Un homme mourut et se trouva séparé de sa famille et de son épouse qu'il aimait profondément ici-bas. Le regard du clairvoyant parvint à le percevoir et constata que cet homme souffrait énormément de ne pas être en mesure de trouver les âmes de ses enfants et l'âme de son épouse lorsqu'il regardait vers la terre. Grâce aux contacts que le voyant fut en mesure d'établir avec les âmes humaines, et grâce à sa façon de s'entretenir en quelque sorte avec les âmes qui évoluent entre la mort et une nouvelle naissance, le défunt lui confia que dans ses pensées et dans ses sentiments il pouvait retrouver l'époque où il vécut sur terre avec les siens, puis il ajouta: «Lorsque je vivais sur terre, mon épouse était pour moi comme un rayon de soleil. Maintenant j'en suis privé. Tout ce que je puis faire, c'est de revoir en pensée ce que j'ai eu sur terre, mais je ne réussis pas à trouver mon épouse.» Comment peut-on expliquer cela? Nous devons savoir qu'il n'en est pas de même pour tous ceux qui ont franchi le seuil de la mort. Si nous pouvions remonter de nombreux millénaires en arrière, nous trouverions que depuis ces sphères spirituelles les âmes des hommes étaient capables de diriger leur regard vers la terre et de prendre part à la vie de ceux qui y vivaient encore. Pour quelle raison en fut-il ainsi pour toutes les âmes des temps anciens, des époques d'avant le Mystère du Golgotha? Pourquoi n'est-ce plus le cas aujourd'hui pour un grand nombre d'individus ? Voyez-vous, l'homme qui vivait jadis sur terre disposait encore d'une certaine clairvoyance innée. L'homme ne se contentait pas de diriger son regard sur le monde sensible; derrière les choses physiques il percevait les causes premières, de nature spirituelle, ainsi que les entités originelles. Cette faculté de vivre uni avec le monde spirituel au sein même du monde physique eut pour effet que les âmes, après avoir franchi la porte de la mort, furent de nouveaux capables de percevoir toute la réalité psychique qu'elles avaient laissés derrière elle sur terre. Aujourd'hui les âmes humaines n'ont plus la faculté de vivre au contact direct du monde spirituel, car il faut se rappeler que l'évolution de l'humanité consiste en ceci: l'homme a délaissé la vie spirituelle pour descendre sur terre et y vivre son existence physique. Cela lui a permis de développer la faculté de juger etc., mais par la même occasion cela l'a privé de la faculté de vivre avec les mondes spirituels. Pendant une certaine période, aux temps qui ont immédiatement suivi le Mystère du Golgotha, lorsque les âmes humaines furent saisies par l'impulsion du Christ, une partie au moins de l'humanité fut en quelque sorte en mesure d'acquérir de nouveau cette faculté. Nous sommes cependant une nouvelle fois entrés dans une période où les âmes qui passent par la porte de la mort sans avoir manifesté le moindre intérêt pour les mondes spirituels perdent, dans l'au-delà, tout contact avec le monde terrestre.

Nous avons besoin de la révélation, celle que nous appelons la révélation spirituelle dont il nous semble justifié qu'elle s'imprègne dans les âmes humaines. Aujourd'hui l'ancienne foi religieuse ne suffit plus ; si, dans l'au-delà, les âmes veulent pouvoir disposer de la vue spirituelle pour regarder vers la terre, elles ont besoin de la science de l'esprit qui leur permet de comprendre le Mystère du Golgotha. Nous nous efforçons donc de faire pénétrer dans les âmes la lumière de l'esprit. L'homme dont nous avons parlé, et qui avait été perçu de la façon que nous avons indiqué, n'avait jamais manifesté le moindre intérêt pour les pensées et les sentiments se rapportant au monde spirituel. Il avait franchi la porte de la mort sans que son âme ait jamais été effleurée par des pensées ayant trait au monde suprasensible. Cela explique qu'il ait pu dire que sa mémoire lui permettait de savoir que son épouse se trouvait sur terre et qu'il était certain qu'elle y séjournait, mais qu'il lui était impossible de la voir, de la trouver.

Sous quelles conditions aurait-il pu la trouver? à partir de cet autre monde, on ne peut percevoir aujourd'hui que les âmes qui sont habitées par des facultés spirituelles. De là, on peut voir les âmes qui ont assimilé des valeurs spirituelles. Le défunt qui dirige son regard vers la terre ne peut percevoir ici-bas que les âmes animées par des pensées spirituelles. Ces pensées-là sont visibles. L'âme qui en est dépourvue demeure invisible. On vit alors dans le tourment de savoir que l'âme, bien que présente, demeure introuvable. Dès que l'on parvient à transmettre à cette âme certaines pensées ayant trait au monde spirituel, l'âme terrestre commence à s'éclairer, à briller et à être présente pour celui qui vit dans l'autre monde.

Ne pensez pas à une injustice si les âmes qui n'ont pas cultivé de pensées spirituelles sur terre, sans en être peut-être fautives, si de telles âmes demeurent invisibles pour les morts. Si le monde n'était pas organisé ainsi, les hommes ne seraient jamais en mesure d'aspirer au perfectionnement. Cette privation suscite chez l'homme le besoin d'apprendre. La souffrance et la solitude que cette âme éprouve pendant la vie entre la mort et une nouvelle naissance sont l'occasion pour elle d'être touchée par le désir de s'approprier des pensées spirituelles. Vue sous cet angle, la science de l'esprit ressemble à un langage qui permet aux vivants et aux défunts de se comprendre, de se percevoir et de savoir qu'ils existent les uns pour les autres.

Un autre aspect de la mission de la science de l'esprit se révèle alors, celui de surmonter l'abîme qui existe entre la vie et la mort. Lorsque des âmes humaines franchissent la porte de la mort, elles entrent dans une vie qui demeure reliée à l'existence terrestre par le souvenir du passé. Je ne vous décris pas ce qui figure déjà dans nos livres, mais je m'efforce de le compléter. Pendant une longue période après la mort l'homme reste préoccupé par les sentiments qui le rattachent encore nécessairement à la terre. Il doit se déshabituer de sa nostalgie de posséder encore un corps physique. Pendant cette période réservée à la désaccoutumance, l'homme apprend à vivre en tant qu'entité psychique et spirituelle. Essayons de nous faire une représentation claire de la façon dont cela se présente à l'investigation clairvoyante. Dans un premier temps l'âme est en rapport avec ce qu'elle avait été ; elle dirige son regard sur sa propre vie intérieure telle qu'elle s'est exprimée par les pensées et par les sentiments. Elle se souvient des rapports qu'elle a entretenus avec d'autres individus. Mais lorsqu'on cherche à diriger son regard vers la terre s'offre un spectacle particulier. On éprouve le besoin imperieux de regarder vers la terre. Ce besoin de se souvenir de la terre persiste tout au long de la vie entre la mort et une nouvelle naissance. Tant que l'homme est appelé à transiter d'existence en existence, il éprouve dans sa conscience la certitude d'être destiné à vivre sur terre, d'être obligé d'y retourner sans cesse s'il désire se développer de façon juste - Il s'avère alors que si le défunt perdait ce penchant de vivre sur terre, il perdrait en même temps, en tant qu'être mort, toute idée d'être un Moi. Il ne saurait plus qu'il est lui-même, et cela engendrerait un sentiment de souffrance énorme. L'être humain ne doit jamais perdre le lien avec la terre, la terre ne doit jamais disparaître de ses pensées. Généralement elle ne peut pas lui échapper entièrement. Ce danger existe cependant à notre époque marquée par la marée montante du matérialisme, alors même que la révélation spirituelle dont nous avons parlé doit se réaliser pour que le lien entre les vivants et les morts soit sauvegardé. Précisément à notre époque ce regard en arrière est difficile pour les âmes qui n'ont connu sur terre aucune âme animée par des sentiments et des pensées d'ordre spirituel.

Pour les morts, il est important que les êtres avec lesquels ils ont été en rapport sur terre emportent chaque soir dans le sommeil des pensées consacrées au monde spirituel. Plus nous emportons avec nous dans le sommeil des pensées relatives au monde spirituel, mieux nous aidons ceux que nous avions connus personnellement sur terre ou ceux qui avaient entretenu des liens avec nous et qui nous ont déjà précédés dans un autre monde. Il est difficile de parler des conditions qui règnent dans l'au-delà, car notre langage est emprunté au seul domaine physique. Les pensées spirituelles que nous devons emporter dans le sommeil constituent le monde au sein duquel les défunts sont appelés à vivre. Un mort qui ne connaît personne sur terre capable de transmettre des pensées spirituelles dans le sommeil éprouve en quelque sorte de la faim, ressemble à un être qui sur terre serait relégué sur une île rocheuse. Telle est l'impression du défunt qui ne trouve pas d'âmes animées par des sentiments spirituels. Il a l'impression d'être isolé dans une région désertique où il n'existe rien de ce dont il a besoin pour vivre. On ne saurait assez souligner combien il est important de cultiver des pensées tirées d'une conception spirituelle du monde. Cela est d'autant plus vrai aujourd'hui où l'on constate la prolifération de philosophies qui ne veulent rien savoir des mondes de l'esprit. Autrefois, avant de s'endormir, on se recueillait et on faisait sa prière; on emportait alors avec soi dans le sommeil les échos de cette prière du soir. La situation était très différente d'aujourd'hui où, après un bon repas, peut-être, ou après d'autres jouissances, l'homme se laisse sombrer dans le sommeil sans se soucier le moins du monde de la réalité suprasensible. De la sorte on prive les morts de la nourriture spirituelle dont ils ont besoin. Une prise de conscience de ce problème devrait conduire progressivement à ce que certains de nos amis pratiquent déjà avec succès : la lecture faite aux morts. Cette lecture à l'intention des morts est d'une importance considérable. Supposons le cas suivant : deux hommes ont vécu ensemble sur terre. L'un a éprouvé l'impulsion intérieure de se tourner vers la science de l'esprit, ce qui a pour effet que l'autre développe un sentiment d'antipathie à l'égard de cette science. Dans un cas comme celui-ci, on ne peut généralement rien faire auprès du vivant pour l'aider à s'intéresser à une conception spirituelle du monde. Bien au contraire, des efforts entrepris dans ce sens peuvent même à la rigueur engendrer en lui un sentiment de haine contre cette conception du monde. Supposons maintenant que cet homme franchisse le seuil de la mort. Maintenant qu'il séjourne dans l'autre monde il nous est possible de l'aider beaucoup plus.

La vie de l'âme est très complexe, et la partie sur laquelle s'étend notre conscience ne constitue qu'une fraction du contenu de notre âme. L'homme ignore une masse de choses qui se déroulent dans son âme. Parfois il y trouve même des contenus dont il croit que c'est le contraire de ce qui existe. Il peut arriver que quelqu'un se mette à haïr la science de l'esprit. C'est ce qui apparaît au niveau de sa conscience. Mais dans les profondeurs de son âme il peut parfaitement éprouver un désir d'autant plus grand pour cette science de l'esprit. Une fois que nous avons franchi la porte de la mort nous menons une existence conforme à ce que nous avons ressenti dans les profondeurs de notre âme. Lorsqu'on rencontre des défunts que l'on avait connus sur terre de leur vivant, ils apparaissent souvent très différents de ce qu'ils avaient été ici-bas. Chez un être qui a haï consciemment la science de l'esprit alors qu'intérieurement il se sentait attiré par elle sans s'en rendre compte, on peut constater qu'après la mort cette attirance se manifeste avec une force particulière. Nous pouvons aider le mort en nous faisant intérieurement une image de lui tel qu'il était de son vivant, et en prenant un livre de science spirituelle pour lui en faire la lecture, pas à haute voix mais à voix basse. Cela, les morts le comprennent. Cette compréhension est évidemment plus intense chez ceux qui ont déjà été proches du spirituel lors de leur existence terrestre. Nous ne devons pas négliger de faire la lecture aux morts ou d'avoir en pensée des échanges avec eux. J'aimerais ajouter à cela un aspect pratique. Pendant de nombreuses années après la mort, de trois à cinq années, le défunt comprend encore le langage qu'il avait parlé sur terre. Cette compréhension disparaît progressivement; le mort demeure néanmoins accessible à des pensées spirituelles. On peut alors lui faire la lecture dans une langue qu'il ne connaissait pas sur terre, pourvu qu'on la comprenne soi-même. De cette manière on rend de grands services aux défunts.

C'est précisément dans un tel domaine que l'on peut remarquer plus particulièrement le rôle important d'une conception du monde reposant sur la science de l'esprit. En effet, cette conception du monde permet de surmonter l'abîme qui existe entre les vivants et les morts. Il est permis d'imaginer que si nous réussissons à répandre de plus en plus sur terre la science de l'esprit, les âmes prendront progressivement conscience du lien qui existe avec les morts.

Pendant un certain temps après la mort l'homme reste donc directement lié à la terre. Ensuite il doit croître pour s'épanouir au sein du monde spirituel. Il doit devenir un citoyen du monde spirituel. Il doit s'y préparer, il lui faut acquérir une réceptivité et une compréhension pour le monde spirituel. A un certain moment, par exemple, l'investigateur du monde suprasensible peut constater qu'il existe une différence entre les âmes qui ont cultivé sur terre des sentiments moraux, et celles qui ont vécu en marge des valeurs morales. L'homme qui n'a pas cultivé de sentiments moraux sur terre devient alors semblable à un ermite. Dans l'au-delà, il ne parvient pas à trouver le chemin le conduisant vers ses semblables, ni d'ailleurs celui qui mène aux hiérarchies supérieures, Chez l'homme, la conscience ne s'éteint jamais; par contre ce qui l'attend dans l'au-delà, c'est un sentiment de solitude. C'est grâce à une vie conforme aux principes de la morale que l'homme acquiert la possibilité, à partir d'un certain temps après la mort, de vivre avec d'autres entités. On appelle cette période la période de Mercure. On peut donc dire que la façon dont l'homme a vécu sur terre constitue la cause de son mode de vie pendant la période de Mercure : soit sa vie sera celle d'un ermite vivant dans une terrible détresse, soit il parviendra à rencontrer des âmes humaines ou des entités des mondes supérieurs.

Ensuite l'homme connaît une période pour laquelle il doit être préparé d'une autre façon. Là encore, il se condamnerait à vivre dans la solitude s'il n'avait pas développé sur terre des sentiments religieux. On appelle cette période la période de Vénus. Tout être qui n'a pas développé en lui une sensibilité religieuse aura dans l'au-delà l'impression d'être aveugle et muet pour son entourage.

Puis vient une période où l'homme doit avoir acquis sur terre une compréhension totale pour toutes les religions, car sans une telle préparation il resterait insensible à l'égard de certaines entités des mondes supérieurs. Il s'agit de la période du Soleil. Elle se prépare sur terre en développant une compréhension pour tout ce qui est humain, pour toutes les diverses confessions religieuses. En vue de cette période solaire, il suffisait jadis à l'homme d'avoir la religion soit de Brahma, soit de Lao Tseu, soit n'importe laquelle. Mais maintenant, compte tenu de l'évolution, il s'avère que les confessions religieuses suscitent une opposition entre les hommes. De ce fait il n'est plus possible de parcourir correctement la période du Soleil que l'homme doit parcourir entre la mort et une nouvelle naissance a la particularité de nous faire ressentir que nous sommes entrés dans un monde où, suivant la façon dont nous nous sommes préparés, une certaine place nous semble vide ou pas. Si nous voulons comprendre comment elle ne nous paraît pas vide, nous devons comprendre le Mystère du Golgotha. L'impulsion christique permet de comprendre n'importe quel sentiment humain. Le christianisme est une religion universelle, il n'est pas une religion de tribu, de race ou de nation, comme l'hindouisme ou comme d'autres religions nationales. Si les peuples de l'Europe du centre avaient conservé leurs anciennes religions tribales, nous en serions aujourd'hui encore à l'adoration de Wotan, de Thor etc. Or les pays européens ont adopté le christianisme. Pour être authentiquement chrétien il ne suffit pas de défendre tel ou tel dogme chrétien, mais il faut savoir que le Christ est mort pour tous les hommes. Ils n'apprendront que progressivement à se comporter en chrétiens. Lorsqu'un Européen se rend aujourd'hui en Inde, ce qu'il y défend n'est généralement qu'une foi reposant sur des paroles. La vraie sensibilité qu'il convient d'éprouver est la suivante : où que l'on rencontre sur terre une âme humaine, on peut trouver l'impulsion du Christ. Un Hindou ne croira pas que son Dieu vit dans tous les hommes, alors que le chrétien sait que c'est le cas en ce qui concerne le Christ. La science de l'esprit montrera que le christianisme correctement compris contient le germe de vérité qui s'applique à toutes les religions, et que chacune d'elles, si elle prend conscience de son propre germe de vérité, conduit au Mystère de Golgotha.

Lorsqu'on observe un autre initié ou n'importe quel autre fondateur de religion, il apparaît clairement qu'il cherche à donner des révélations du monde spirituel parce qu'il est passé par l'initiation. On ne saurait réellement comprendre la nature du Christ si l'on ne voit pas clairement qu'il n'est pas passé par une quelconque initiation sur terre ; sa qualité d'initié lui vient de sa présence sur terre et du fait qu'il réunissait tout en lui.

Lorsque le voyant se penche sur la vie du Bouddha, il s'avère que c'est dans le monde spirituel que se fait vraiment la lumière permettant de voir ce que fut le Bouddha. Il n'en est pas de même pour la vie du Christ. Cette vie du Christ est telle que c'est déjà ici sur terre qu'il faut établir un rapport avec lui, pour ensuite le comprendre dans le monde spirituel. Si un tel rapport ne s'établit pas ici-bas, on peut, lorsqu'on est initié, voir sans doute toutes sortes de choses, mais on ne peut pas voir le Christ si l'on n'a pas déjà établi sur terre un lien avec lui.

C'est pour cette raison que si peu de gens comprennent le Mystère du Golgotha. Cet événement fait du Christ une entité qui a la même importance pour l'homme primitif que pour l'initié le plus avancé. L'âme humaine la plus primitive peut avoir des rapports avec le Christ, et l'initié doit également les trouver. Lorsqu'on pénètre dans les mondes supérieurs on apprend à connaître beaucoup de choses ; une seule toutefois n'existe pas et ne s'apprend pas : la mort. La mort n'existe que dans le monde physique. Dans le monde spirituel il y a bien la transformation, mais pas la mort. En conséquence on peut dire que tous les êtres spirituels qui ne descendent jamais sur terre, qui se contentent de demeurer dans le monde spirituel, ne passent pas par la mort. Le Christ est devenu un concitoyen de l'homme sur le plan physique, et ce qui s'est déroulé au Golgotha fait que si l'on comprend cette unique mort divine, on ne sera pas frustré lors du séjour dans la sphère solaire. Les autres initiés sont des êtres humains qui ont connu un développement particulier au cours de leurs incarnations successives. Le Christ n'a pas connu d'incarnation antérieure sur terre ; il siégeait dans des mondes où la mort n'existe pas. Il est le seul parmi ses semblables à avoir fait la connaissance de la mort. C'est pourquoi, lorsqu'on veut connaître le Christ, il faut comprendre sa mort. Et comme dans ce cas la mort est l'essentiel, c'est uniquement ici sur terre, là où existe la mort, que l'on peut comprendre le Mystère du Golgotha. Si l'on ne parvient pas à établir ici-bas un rapport avec le Christ, on ne saurait en faire l'expérience dans les mondes supérieurs ; alors, dans la sphère du Soleil, nous trouvons que sa place est vide. Par contre, si nous assimilons l'impulsion du Christ et l'apportons avec nous dans cette sphère, le trône solaire ne donne pas l'impression d'être vide, et nous trouvons consciemment le Christ.

Pour l'évolution actuelle de l'humanité il est important que nous trouvions le Christ à cet endroit du monde spirituel et que nous le reconnaissions. Pourquoi ? Voyez-vous, lorsque nous parcourons la période solaire, nous entrons progressivement dans un monde où nous avons besoin de lumière spirituelle. Précédemment, avant la période solaire, nous bénéficions encore des effets terrestres, des effets de ce que nous avons été personnellement, c'est-à-dire l'effet des sentiments moraux et religieux. Maintenant il nous faut quelque chose de plus. Nous avons besoin de pouvoir contempler ce qui existe dans le monde spirituel, mais qui ne peut pas encore être préparé ici en nous, car nous avons à traverser des mondes de forces dont on ne peut rien connaître sur terre.

Lorsque l'homme entre dans l'existence au moment de la naissance, son cerveau n'est pas encore développé. L'homme doit d'abord en entreprendre l'élaboration sur la base de ce qu'il a acquis au cours de ses incarnations antérieures. En effet, lorsqu'on a besoin d'une certaine sorte de facultés, il ne suffit pas de les avoir acquises. Encore faut-il savoir comment doit être construit l'organe physique correspondant.

Il existe un guide important mais très dangereux. Ici, sur terre, il échappe à notre conscience. Mais à partir de la période solaire il devient indispensable. Il s'agit de Lucifer. Nous tâtonnerions dans les ténèbres si Lucifer ne venait pas à notre secours. Nous ne pouvons cheminer aux côtés de Lucifer que si nous avons le Christ pour guide. Après la période solaire, tous deux accompagnent désormais l'homme dans son parcours à travers la période de Mars, celle de Jupiter puis celle de Saturne. Pendant ces temps qui succèdent à la période solaire l'homme rencontre des forces dont il a besoin pour sa nouvelle incarnation. C'est un non-sens de la part des sciences matérialistes de croire que le corps matériel relève de l'hérédité. Aujourd'hui cette science n'a aucune posssibilité de se rendre compte de son erreur. Mais le moment viendra où l'on acceptera les vérités spirituelles; on se rendra compte alors de l'erreur. Chez l'homme rien ne peut être transmis par l'hérédité, sauf les dispositions destinées au cerveau et à la moelle épinière, c'est-à-dire tout ce qui se trouve enfermé dans la caverne osseuse du cerveau et dans les anneaux de la colonne vertébrale. Tout le reste est déterminé par les forces du macrocosme. L'homme serait une masse en quelque sorte entièrement inhumaine s'il ne dépendait que de ce qui vient de l'hérédité. Ce qui lui est ainsi transmis doit être entièrement remodelé et transformé au moyen de ce qu'il apporte avec lui lorsqu'il descend des mondes spirituels.

Pourquoi appelle-t-on les époques qui se succèdent après la mort : période mercurienne, période vénusienne, période solaire, période martienne, période jupitérienne et période saturnienne ?

Lorsque l'homme a franchi la porte de la mort, il ne cesse de se dilater. La vie après la mort est caractérisée par le fait que l'on se sait répandu au sein d'un espace énorme. D'abord on se dilate au point de remplir l'espace circonscrit par l'orbite de la Lune. Puis on s'étend jusqu'au cercle formé par Mercure, en termes occultes, ensuite jusqu'à celui de Vénus, celui du Soleil puis celui de Mars. On se dilate et on occupe peu à peu le vaste ensemble de l'espace céleste. Chaque homme accomplit cette croissance jusque dans l'espace céleste. Cette existence spatiale commune de toutes les âmes humaines est cependant sans importance. Vous remplissez l'entière sphère de Vénus ; d'autres en font de même, mais cela n'implique pas que les uns aient connaissance des autres. Même si l'on sait que l'on n'est pas un être solitaire, on peut néanmoins se sentir isolé. On se dilate finalement dans l'univers jusqu'à une sphère marquée par l'orbite de Saturne, et même au-delà.

En se dilatant de la sorte, on s'assimile des forces dont on a besoin pour élaborer la prochaine incarnation. Ensuite c'est le chemin du retour. On se contracte progressivement jusqu'au moment où l'on se lie de nouveau à la terre. Entre la mort et une nouvelle naissance l'âme humaine se dilate et s'étend sur l'ensemble du macrocosme. Si étrange que cela puisse paraître il n'est pas moins vrai que lorsque nous entrons dans une nouvelle vie terrestre, nous introduisons dans notre existence les forces que nous avons puisées dans le système solaire, et nous les relions à la substance physique qui nous vient de l'hérédité. Les forces tirées du cosmos nous permettent de construire le corps physique et le cerveau. Pendant notre vie entre la naissance et la mort nous sommes confinés dans les limites étroites de notre corps physique ; après la mort, notre vie se déroule dans toute l'étendue du macrocosme, du système solaire au sein duquel nous nous sommes dilatés.

Parmi les hommes, les uns sont profondément moraux, les autres le sont moins. Celui qui a développé une profonde sensibilité morale parcourt le monde spirituel et se sent partout socialement à l'aise. En cela il bénéficie de la force qui lui vient de la vie stellaire. L'autre, celui qui n'est pas préparé de la même façon, ne peut y établir de rapports avec d'autres, étant donné qu'il n'apporte aucune force spirituelle avec lui. Il ne peut donc pas avoir de dispositions morales. De ce fait, c'est en solitaire qu'il parcourt ces sphères. Grâce à la connaissance spirituelle, tout ce qu'il y a en l'homme, ainsi que ses rapports avec le monde se révèlent à nous de façon significative. Kant a formulé la sentence suivante: "Deux choses apportent au sentiment un étonnement et un respect toujours renouvelé : le ciel étoilé au-dessus moi et la vie morale en moi.» Il a exprimé ainsi une vérité très importante. La science de l'esprit montre que dans les deux cas il s'agit de la même chose. Notre expérience entre la mort et une nouvelle naissance, nous la devons à ce que nous y apportons sous la forme des lois morales ; ce que nous éprouvons entre la mort et une nouvelle naissance, le ciel étoilé, nous l'apportons avec nous au moment de rentrer dans une nouvelle vie terrestre où cela doit métamorphoser pour devenir nos lois morales.

C'est ainsi que la science de l'esprit nous offre une vision de la grandeur de l'âme humaine, mais aussi une vue de la responsabilité qui incombe à l'homme.
Voici encore une conférece donnée le 11 0ctobre 1913 à Bergen, il y a pratiquement un siècle mais dont le contenu est plus que d'actualité.

La transformation des forces humaines
terrestres en forces d'investigation clairvoyante

Lorsqu'on commence à s'intéresser aux enseignements de la science de l'esprit, de multiples questions peuvent être posées sur tels ou tels sujets, et ces questions sont entièrement justifiées. Nous consacrerons aujourd'hui une partie de nos considérations à nous poser nous-mêmes de telles questions. La réponse à ces interrogations est souvent en mesure de nous introduire plus en profondeur dans le contexte d'ensemble des réalités du monde, dans la mesure où le monde spirituel agit au sein de ces réalités, plus particulièrement dans celles de la nature humaine. Par exemple, on peut soulever la question suivante: lorsqu'on parvient progressivement à comprendre le rôle important de la réincarnation, on peut se demander pourquoi, dans la vie courante, l'homme moderne n'accède pas à une conscience des vies terrestres antérieures. La conscience clairvoyante est capable d'élargir en quelque sorte sa mémoire de manière que des vies terrestres passées y resurgissent sous la forme de souvenirs. Mais la vie courante de l'humanité actuelle est telle que la notion des vies terrestres antérieures n'y trouve pas sa place. Posée du point de vue de l'investigation clairvoyante, la question prend la forme suivante : on sait que la force dont on a besoin pour l'investigation clairvoyante provient de la vie intérieure, de l'âme elle-même. En se développant, l'homme passe du point de vue habituel à celui de la clairvoyance ; il en découle que les forces qui permettront ultérieurement de diriger le regard en arrière vers les vies terrestres passées doivent exister naturellement en tout être humain. La question est alors de savoir ce qui advient de ces forces, ce que la nature humaine fait de ces forces qui existent, qui sont présentes dès la naissance, mais que l'homme ne parvient pas à développer jusqu'à permettre de se souvenir des vies terrestres antérieurs.

Lorsqu'on examine du point de vue de la clairvoyance cette question et que l'on dirige son regard vers les forces qui entrent ici en compte, on doit porter son attention sur l'enfant en très bas âge. C'est là seulement que l'on voit agir ces forces qui pourront servir lors de la clairvoyance et permettre de développer la vision rétrospective sur les vies terrestres antérieures. Aujourd'hui ces forces servent à la construction du larynx humain et à tout ce qui s'y rattache. Elles servent principalement à ce qui permettra plus tard au larynx d'apprendre à parler. Il y a donc en chaque homme des forces qui peuvent lui permettre de développer le regard rétrospectif sur les vies terrestres passées. Mais à notre époque elles sont tellement mobilisées pour la formation de l'organe de la parole que normalement l'homme ne peut pas accéder à cette vision du passé. Jadis l'homme disposait bien de cette vision des vies antérieures. Elle était alors répandue sur la presque totalité de la terre. Cela s'explique par le fait que les forces nécessaires à l'élaboration de l'organe de la parole ne sont pas perdues en totalité pour la vision des vies antérieures, parce que lors de la construction de l'organe de la parole, certaines forces demeurent en réserve. Au cours de l'évolution le langage a progressivement pris une forme qui, dans le cycle actuel de l'humanité, fait appel à bien plus de forces, celles du corps éthérique, que par le passé. En conséquence, l'homme moderne. n'a pas la possibilité de tenir compte de la réserve de ces forces dont la plus grande part sert à l'élaboration de l'organe de la parole. S'il pouvait s'en servir, comme do1t le faire le clairvoyant, il accéderait à cette vision des vies terrestres antérieures. Ceci explique le point auquel j'ai fait allusion lors de ma conférence publique sur "les énigmes de la vie" : lorsqu'on parvient à développer l'activité du corps éthérique qui d'habitude ne sert qu'aux efforts de l'organe de la parole, lorsqu'on parvient à libérer les forces de la parole de l'organe de la parole, que l'on arrive en quelque sorte à être intérieurement à l'écoute de soi-même sans se servir du langage physique, et que l'on ressent cela de plus en plus intensément, alors l'utilisation de ces forces est capable d'engendrer réellement la mémoire des vies terrestres passées. Dans l'humanité actuelle il en est ainsi que l'homme ne prête aucune attention à ses forces de formation du langage, qui demeurent en réserve et peuvent servir à la perception des vies antérieures. Il s'agit là d'un de ces cas où l'on peut indiquer, au moyen de l'investigation clairvoyante, où dans la vie normale sont dirigées les forces, qui autrement permettraient à l'homme de s'en servir pour accéder à une vue dans la vie spirituelle.

Il en est de même des forces qui sont utilisées aujourd'hui chez l'homme pour élaborer ce qu'on appelle la substance grise du cerveau, laquelle constitue principalemènt l'organe de la pensée. Ce n'est pas le cerveau qui engendre la pensée, mais on se sert du cerveau comme instrument pour penser. Les forces de la pensée qui rendraient l'homme capable, s'il pouvait en disposer entièrement, d'accéder facilement par exemple à ce qui est contenu dans ma "Science de l'esprit"; ces forces-là qui facilitent la compréhension de ce qui est exposé dans cet ouvrage, servent aujourd'hui chez l'homme normal à structurer correctement la substance grise du cerveau. Pour l'homme de la Grèce antique du 6e ou du 5e siècle, cette structure de la substance cérébrale n'était pas, et de loin, aussi élaborée que pour l'homme moyen actuel. Dans ce domaine, la nature humaine change plus vite qu'on ne l'imagine. C'est pourquoi chez les Grecs de la préhistoire des 1Oe, 11e ou 12e siècles il était tout naturel qu'à un certain âge se manifeste chez eux la clairvoyance, c'est-à-dire ce que l'on peut à nouveau présenter de nos jours sous la forme de la science de l'esprit. Les forces que l'on économise et qui demeurent en réserve lors de l'élaboration de la structure cérébrale peuvent servir aux exercices que nous avons caractérisés et qui sont destinés à accéder à une vue d'ensemble claire et nette de ce qui est décrit dans ma "Science de l'esprit". Sur quoi repose ce qui est ainsi relaté dans cet ouvrage ? Les conditions nécessaires pour fournir des descriptions de ce qui se déroule dans le monde spirituel ne sont au fond pas si difficiles à réaliser par l'homme moderne. On serait tenté de dire que l'on peut s'étonner qu'il n'y ait aujourd'hui pas plus d'individus capables d'accéder par eux-mêmes à la vision de ces conditions - et on pourrait même être surpris que ces descriptions puissent engendrer une aussi forte hostilité. Car il est relativement peu difficile d'accéder au degré de clairvoyance nécessaire pour avoir une vue d'ensemble de ces choses. Il suffit de faire ce qui sera dit plus loin, bien que l'on puisse appliquer à tout cela la sentence de Faust: "C'est facile et pourtant c'est un pénible ouvrage ! "

C'est durant les premières années de la vie humaine que le développement du cerveau est le plus intense. Le clairvoyant perçoit alors le corps éthérique et le corps astral qui s'activent pour former des sillons et structurer le cerveau. Cette élaboration de notre cerveau dure relativement très longtemps. Il n'est pas exagéré d'affirmer qu'en accumulant des expériences tout au long de son existence l'homme devient de plus en plus intelligent, même si cela se ralentit quelque peu avec l'âge. Il y a sans cesse un travail qui s'opère sur la substance du cerveau. Toutefois il y a une chose que l'on n'observe pas, qu'on ne peut pas observer : à un moment donné on décide de ne plus entreprendre une occupation spirituelle favorite à laquelle on s'était consacré jusqu'ici. Mais cela ne devrait concerner que les seules conditions extérieures, car c'est d'elles que dépend la structuration de la substance grise. Il ne peut évidemment pas s'agir de la science de l'esprit dès lors qu'on ne l'étudie pas comme n'importe quelle autre science. On décide donc de renoncer à une autre occupation favorite à laquelle on s'était consacré. On s'abstient pendant sept ans de la pratiquer et l'on se tient fermement à cette décision. Si l'on s'efforce par une méditation, faite dans le silence, d'en appeler aux forces que l'on a économisées de cette manière, alors, grâce à cette économie due à l'interruption d'une activité qui sinon aurait consommé ces forces, on peut avec une relative facilité accéder par ses propres moyens, et dans une large mesure, à la connaissance de ce qui est décrit dans ma "Science de l'esprit". Le fait que si peu d'individus y parviennent prouve simplement que les efforts dans ce sens sont plutôt rares. On n'entreprend rien parce que celui qm a réellement une occupation favorite accepte rarement de renoncer à s'y consacrer pendant sept ans.

Vous voyez donc qu'il pourrait être relativement facile d'accéder à une partie de ce qui peut être divulgué aujourd'hui. Lorsque vous considérez notre civilisation actuelle avec ses énormes réalisations extérieures, vous ne pouvez pas être surpris d'apprendre , que beaucoup de forces du corps éthérique servent à l'élaboration du cerveau, car cette civilisation extérieure est presque exclusivement le résultat du travail cérébral. Les forces mises en oeuvre servent entièrement à l'élaboration du cerveau. On pourrait dire alors: je n'ai en rien participé au développement de cette civilisation, je n'y ai nullement contribué ! - On peut effectivement avoir cette illusion mais cette remarque ne correspond pas à la réalité. Sur terre on ne trouve plus guère aujourd'hui le moindre endroit isolé où la civilisation et la culture modernes ne pénètrent et ne laissent les traces de notre implication intellectuelle. Cela suffit déjà pour écarter les forces de ce que l'on pourrait appeler "l'acquisition de la conscience clairvoyante". Certes, on pourrait objecter: bien que les sauvages ne s'intéressent guère à ce qui modifie ainsi le cerveau on ne saurait dire d'eux qu'ils développent des force de clairvoyance particulières dans le sens évoqué. - C'est vrai, car ce qui se passe est conforme à une loi spirituelle précise. Ce que l'on doit acquérir de cette manière par la clairvoyance requiert une préparation particulière. Le sauvage pourrait peut-être développer de tout autres facultés de clairvoyance. Mais les forces de clairvoyance qui sont nécessaires pour accéder à ce qui est décrit dans ma"Science de l'esprit" ne sauraient être développées par le sauvage, car il n'y est pas préparé. Ces forces-là doivent également correspondre à un retournement d'autres forces. Vous pouvez dire, par exemple: beaucoup d'hommes ont renoncé au genre d'occupations favorites telles que les miennes. Pourquoi alors n'ont-ils pas acquis la clairvoyance? - Cela repose sur le fait que le développement des forces de clairvoyance ne découle pas du néant, mais provient d'un retournement de ce qui existe. Il faut déjà avoir développé certaines forces dans une direction donnée, il faut s'être déjà engagé dans la voie de l'intelligence qui est celle de notre civilisation actuelle, et il faut ensuite renoncer pendant un certain temps à ces forces pour pouvoir constater leur retournement. Cela engendre ce qui nous permet de conna1tre au moyen de la clairvoyance les faits relatés dans La "Science de l'esprit". Ces descriptions sont avant tout le résultat de forces qui, au cours de l'évolution humaine normale, permettent au cerveau de développer les facultés intellectuelles supérieures. Par contre, ce qui n'accède pas à ces vastes panoramas généraux, tels qu'ils sont évoqués dans la "Science de l'esprit", mais ne se rapporte qu'à certains détails, peut être obtenu par un retournement d'autres forces et d'autres facultés humaines. Par exemple, la faculté de porter son regard sur des vies terrestres antérieures s'acquiert lorsqu'on retient, comme je l'ai indiqué, certaines forces qui sans cela serviraient entièrement à former l'organe de la parole.

Ce qu'il y a de plus gênant pour l'homme qui veut pénétrer dans les mondes spirituels, ce sont certaines forces auxquelles on ne prête généralement aucune attention. J'ai déjà mentionné deux sortes de forces qui rendent l'homme capable d'accéder à une vision clairvoyante des mondes spirituels. J'ai attiré l'attention sur les forces qui servent aujourd'hui à développer la substance grise du cerveau ; quant à celles qui permettent à l'homme d'avoir une vision des vies terrestres passées, ce sont les forces liées au développement du langage. Mais il existe encore d'autres forces qui permettent à l'homme de voir plus en détail ce qui se passe entre la mort et une nouvelle naissance, de voir en détail ce que chaque individu fait alors. La "Science de l'esprit" relate surtout les généralités. Ce n'est pas la même chose que de porter son regard dans le monde spirituel. Dans ce dernier cas il faut recourir à d'autres forces, à des forces dont on ne tient guère compte dans la vie. li existe quelque chose qui fait appel chez l'homme à énormément de forces: le fait de ne pas avoir à ramper à quatre pattes toute sa vie, mais de se placer, dès l'enfance, dans la position verticale. Les forces qui élèvent l'homme à la verticale remplissent d'un profond respect celui qui a accès au monde spirituel. En effet, en observant comment un enfant apprend à marcher, celui qui se consacre à l'investigation clairvoyante assiste à un mystère extraordinaire. Une partie des forces dont l'enfant se sert pour se dresser à la verticale demeure en réserve. On ne tient généralement pas compte de ce qui reste ainsi disponible, mais c'est bien cette réserve de forces qui nous rend capables de regarder dans le monde spirituel entre la mort et une nouvelle naissance. Lorsqu'on réussit- il existe encore d'autres voies possibles, mais celle-ci en est une - lorsqu'on réussit à se souvenir de la manière dont on a appris à marcher et quels furent les efforts nécessaires, on découvre en soi des forces que l'on a économisées dans son corps éthérique qui est plus particulièrement sollicité à cette occasion. En cherchant à l'intérieur de soi les forces ainsi économisées - elles sont encore présentes chez tout individu - on peut encore de cette façon trouver dans l'homme ce qui le rend capable d'accéder à une vision des événements qui se sont déroulés entre sa dernière mort et sa nouvelle naissance. Vous pouvez demander: comment procède-t-on alors ? On peut dire que, si nous avons la chance de poursuivre notre mouvement anthroposophique, nous aurons déjà commencé à faire ressortir ces forces. Et si tout va bien, ces forces ne se manifestent généralement qu'après sept ans. Mais un début existe, et ce début progressera au sein de la nature humaine. On ne tient généralement pas compte des forces que l'on a ainsi économisées. L'homme peut favoriser une prise de conscience concernant ces forces en s'adonnant à une sorte de danse conforme à la nature. Cette prise de conscience peut aussi être provoquée par la méditation, mais depuis un peu moins d'un an, dans certains de nos milieux, on pratique l'eurythmie qui se fonde sur les lois qui régissent les mouvements du corps éthérique, Cela n'est en rien comparable aux habituelles gymnastiques ou danses - qui ne mènent à rien -, mais ce sont des mouvements qui correspondent à ceux du corps éthérique. Grâce à ces mouvements, l'homme parviendra progressivement à percevoir les forces qu'il conserve encore en lui et qui peuvent être découvertes par ces libres mouvements de danse. C'est ainsi_ que l'on élabore peu à peu des dispositions qui éveillent en l'homme les forces nécessaires pour accéder réellement à la vision dans les mondes spirituels entre la dernière mort et sa naissance.

La science de l'esprit peut ainsi apporter sa contribution pratique à la culture humaine. Et l'on peut être certain que progressivement cette science de l'esprit ne se contentera pas d'enseigner certaines vérités sous une forme abstraite, mais qu'elle animera l'homme de telle sorte que des forces qui aujourd'hui sommeillent encore se réveilleront et que l'homme apprendra réellement à s'élever à une approche spirituelle de l'existence. Ce sont là des choses étranges, certes, mais tout cela est bien vrai : lorsqu'on découvre les forces qui nous restent de notre apprentissage de la marche, on devient capable d'avoir une vue clairvoyante dans les mondes où l'on séjourne entre la mort et une nouvelle naissance. Cela peut également s'acquérir par la méditation, mais elle doit alors être pratiquée de sorte qu'elle engendre des sentiments. Or les sentiments sont ce qu'il y a de plus difficile à acquérir par la méditation. Il faut donc trouver les forces qui tendent l'homme capable de diriger son regard dans le monde d'entre la mort et une nouvelle naissance. On trouve alors en particulier les forces grâce auxquelles on contemple ce qui pendant une longue période a précédé la naissance. Dans ce domaine on découvre beaucoup de choses qui nous rendent la vie compréhensible. Par exemple, un malheur nous frappe. Dans un premier temps la seule chose qui compte, c'est le sentiment du malheur. Nous le supportons mal. Si nous savions pourquoi, avant la naissance, pendant des décennies et même des siècles, nous avons tout arrangé pour être frappés par ce malheur, nous serions mieux à même de le supporter. Nous saurions que ce malheur est une épreuve qui nous permt de nous perfectionner. Mais bien d'autres choses encore s'apprennent lorsque le regard se porte sur la partie du monde spirituel où se déroule en quelque sorte la préparation de la présente existence.

Je ne vais pas exposer ici des généralités ; vous pouvez les trouver dans mes écrits. J'aimerais simplement montrer par quelques exemples comment la vie d'avant la naissance influence celle d'après la naissance. Lorsqu'on a franchi le milieu de notre vie entre la mort et une nouvelle naissance - n'est-ce pas, il se déroule habituellement un certain nombre de siècles entre la mort et une nouvelle naissance, et cette période à un milieu -, l'attention intérieure de l'âme dans le monde spirituel se tourne essentiellement vers la terre. Et l'on reçoit, une fois que l'on a dépassé ce milieu, nous venant de la terre, de plus en plus d'impressions de ce qui se déroule ici-bas et de ce que l'homme ressent et pense ici-bas ; chaque âme reçoit des impressions particulières. Une âme peut, par exemple, au cours de cette seconde partie de sa vie spirituelle où elle prépare sa nouvelle naissance, observer des hommes sur terre qui sont spirituellement actifs pour préparer l'époque à venir. Certains de ces hommes actifs dans le domaine spirituel sont plus particulièrement appréciés par l'âme. Il arrive même que depuis le monde spirituel on observe surtout un ou deux de ces êtres qui oeuvrent sur terre. Prenons le cas d'un homme né dans la seconde moitié du 19e siècle; il avait séjourné dans le monde spirituel au début du 19e siècle et dans la seconde partie du 18e siècle; de là-haut son regard était dirigé sur les personnalités importantes qui marquèrent la civilisation. Certaines lui semblaient particulièrement précieuses, et il les aimait beaucoup. Voilà donc une de ces expériences que l'on peut faire : diriger son regard vers les hommes qui se développent ici-bas. En regardant vers la terre, on exerce par la même occasion une influence sur ces hommes, sans toutefois entraver leur liberté. L'influence porte sur certaines choses qui vivent au fond de leur âme et qui en émergent plus facilement du fait que depuis le monde spirituel une âme les regarde. C'est ainsi que, grâce à des âmes qui ne naîtront que plus tard et qui les observent, certains êtres humains sur terre sont stimulés à être actifs et à entreprendre quelque chose. Cela peut concerner les affaires les plus générales comme les plus intimes.

Nous connaissons le cas d'une âme qui, au 18e siècle et durant la première partie du 19e siècle, a vécu dans le monde spirituel d'où elle a choisi pour idéal un homme remarquable sur terre; elle désirait être son égal et, après sa naissance, suivre son exemple ; on perçoit, par exemple, les livres d'un tel homme dont on se propose, une fois descendu sur terre, d'être l'émule. C'est avec un certain désir intérieur que l'on regarde du ciel vers la terre ; bien que cela soit porté par un autre sentiment, c'est l'égal du désir que l'homme vivant éprouve pour l'au-delà lorsqu'il regarde le ciel. Tout cela s'accompagne cependant d'une différence considérable pour un homme qui regarde le ciel sans avoir connaissance de la science de l'esprit; son désir demeure plutôt imprécis. Par contre, celui qui séjourne dans les cieux, celui qui vit dans le monde spirituel a la particularité de voir de là-haut avec beaucoup de précision les conditions terrestres, les âmes humaines qu'il admire particulièrement et dont il désire peut-être lire les écrits. Bref, lors de la seconde moitié de son existence spirituelle entre la mort et une nouvelle naissance on apprend à connaître en détail les âmes humaines, on apprend même à regarder à l'intérieur des âmes. Et nous qui vivons ici, nous pouvons savoir que là-haut, dans le monde spirituel, il existe des âmes qui attendent de naître au cours des prochaines décennies et qui portent un regard nostalgique sur nos âmes où elles trouvent ce dont elles ont besoin pour préparer leur séjour terrestre. Durant cette période de leur vie spirituelle, elles voient nos âmes avec une précision aussi grande que l'imprécision du regard porté par l'être terrestre sur son ciel. Voilà de nouveau une de ces images qui nous montrent comment, lorsque nous apprenons à connaître tant soit peu le monde spirituel, nous éprouvons vraiment le sentiment suivant: nous sommes observés. Car nous le sommes de nombreuses façons. Les regards des êtres spirituels, notamment ceux des êtres qui sont sur le point de s'incarner, se posent sur nos âmes. Nous nous rendons donc compte que, dans ce domaine aussi, la science de l'esprit n'offre nullement à l'homme quelque chose de mauvais, car grâce à elle celui-ci apprend à être digne de ce qui est observé dans son âme par les âmes non encore incarnées.

Lorsque l'investigation clairvoyante se penche sur ces sujets, elle vit des expériences souvent bouleversantes. Parmi les plus hautement bouleversantes figure celle de diriger son regard dans les mondes spirituels vers les âmes qui sont engagées sur le chemin de la naissance; on voit alors comment elles scrutent la terre à la recherche de ceux qui pourraient devenir leurs parents. Jadis c'était encore bien plus significatif que maintenant. Mais l'observation de ces âmes fait toujours partie des événements les plus bouleversants qul'on peut connaître. On passe alors par des impressions extrêmement variées. En voici une que j'aimerais relater dans sa réalité. Une âme qui se prépare à l'incarnation sait, par exemple, que pour sa prochaine vie elle a besoin d'une certaine forme d'éducation, d'une certaine sorte de connaissances qu'elle doit acquérir dès sa prime jeunesse. Elle voit alors qu'elle peut trouver ici et là la possibilité d'acquérir ces connaissances. - Mais cela n'est souvent possible que si, pour cette pérode, on renonce à un couple de parents qui pourrait nous assurer une existence heureuse dans un autre domaine. Il faut alors se tourner vers des parents qui éventuellement ne pourront pas nous offnr une vie heureuse. Si l'on préférait un autre couple, on devrait se dire: c'est précisément l'essentiel que tu ne pourras pas atteindre. - Il serait faux de s'imaginer que toutes les conditions de la vie spirituelle sont tellement différentes des conditions terrestres. On voit ainsi des âmes qui, avant de naître, se trouvent engagées dans une lutte terrible; telle âme: par exemple, se dit: au cours de ma jeunesse je serai peut-être maltraitée par un couple brutal. - Lorsqu'une âme se trouve dans cette situation cela suscite en elle de terribles combats intérieurs. Dans le monde spirituel on rencontre un grand nombre d'âmes qui préparent leur incarnation et sont engagées dans de ternbles combats. A ce sujet il faut préciser que dans le monde spirituel ces combats se présentent comme une sorte de monde extérieur qui s'étale devant l'âme. Dans le monde spirituel, ce que je viens de décrire ne se réduit nullement à une lutte au sein même de l'âme; il ne s'agit pas d'une simple lutte de sentiments. Ces combats se projettent à l'extérieur, et on les trouve en quelque sorte autour de soi. On perçoit clairement certaines imaginations qui nous présentent les déchirements que subissent ces âmes en route vers leur prochaine incarnation. Lorsque ces conditions se présentent devant notre regard, nous pouvons aisément comprendre pourquoi tant d'hommes n'apprécient pas la science de l'esprit. Ils l'aimeraient bien s'il était vrai qu'après la mort on entre directement, et pour l'éternité, dans un état de félicité. Or les choses ne se passent pas ainsi. Il est bon que les choses soient ce qu'elles sont, car grâce à ces conditions le monde accédera plus sûrement au degré de perfection qu'il doit atteindre.

Curieusement c'est grâce aux forces que nous économisons dans notre corps éthérique lors de notre apprentissage de la marche, que nous parvenons à observer notre propre vie ou celle d'autrui au sein du monde spirituel. La clairvoyance pratique démontre que ces forces, lorsqu'on les développe réellement, ont un certain avantage sur les forces de clairvoyance que l'on cultive dans le but d'accéder à un tableau des vies terrestres antérieures. Je vous demande de bien noter cette différence, car elle apporte de riches éclaircissements sur de nombreux points.

Rien ne favorise aussi facilement une clairvoyance dangereuse que le développement des forces destinées à la formation des organes de la parole chez l'homme moderne. Ces forces, lorsqu'on les retient, permettent d'accéder à une vision des vies terrestres passées. Ces forces sont celles qui, au sein de la nature humaine, sont les plus liées aux instincts inférieurs et aux passions. Rien ne nous mène aussi près de Lucifer et d'Ahriman que le fait de développer précisément ces forces-là qui, élevées à un certain niveau, permettent d'avoir une vue sur ses propres vies antérieures et sur celles d'autrui. Elles conduisent à la tromperie, mais surtout lorsqu'elles ne sont pas développées correctement, elles font que le clairvoyant se trouve moralement abaissé sous le coup de ces forces, au lieu d'être élevé ; de ce fait, ces forces qui permettent de voir les vies terrestres antérieures sont précisément les plus dangereuses. On n'a le droit de les développer que si l'on est pleinement attentif au développement d'une moralité pure en l'homme. étant donné que l'on dépend de cette moralité de haute pureté en l'homme lorsqu'on veut développer ces forces, des maîtres avertis ne se prêteront pas facilement au développement systématique des forces qui permettent de porter son regard sur les incarnations antérieures. On peut même dire : il est courant de disposer d'une certaine clairvoyance inférieure qui permet de puiser dans les autres mondes certaines descriptions des régions spirituelles. Une vision objective des incarnations antérieures, par contre, ne s'obtient pas de la même façon, en ne tenant compte que des forces de la parole. Généralement on a recours à d'autres moyens pour amener l'homme à observer les incarnations antérieures. Nous touchons ici un point intéressant qui nous montre que l'homme doit être attentif à des choses qui d'habitude passent inaperçues. Il est rare de rencontrer au cours de son développement spirituel quelqu'un qui est capable de voir des incarnations passées à partir du seul développement des forces de la parole. Il existe néanmoins de nombreuses personnes qui en sont capables actuellement ; généralement cela est obtenu par d'autres moyens. Un de ces moyens peut nous sembler étrange; il repose cependant sur une vérité profonde.

Prenons le cas de quelqu'un qui se familiarise avec la vie intérieure. Cela lui demanderait trop d'efforts, ou susciterait peut-être trop de tentations, s'il devait s'en remettre au seul développement des forces de la parole pour accéder à une vue des existences terrestres antérieures. C'est pourquoi les puissances spirituelles ont recours à un autre moyen. Cela ressemble à un fait du hasard : cet homme fait, par exemple, l'expérience d'en rencontrer un autre qui lui cite un nom, ou un moment précis, ou un peuple précis. Cela agit du dehors sur son âme, de telle sorte que par la représentation ainsi suscitée elle développe les forces de soutien dont la clairvoyance a besoin. Il remarque ensuite que ce nom ou cette indication, sans que celui qui l'a donné en ait lui-même conscience, lui ouvre la voie à la perception des vies terrestres antérieures. Dans ce cas, il est fait appel à un moyen extérieur. L'intéressé entend citer un nom ou une époque, ou le nom d'un peuple, et il est animé de l'extérieur à diriger son regard sur des incarnations passées. De telles stimulations du dehors sont parfois très importantes pour l'observation clairvoyante du monde. On fait une expérience apparemment fortuite, et il s'en dégage une stimulation des forces de clairvoyance qui, sans cela, n'auraient été développées que de façon rudimentaire.

Telles sont quelques allusions par aphorismes que je fais au sujet de l'intervention du monde spirituel dans notre monde terrestre. Car cette intervention est en fait très compliquée.

Le regard tourné vers les vies terrestres antérieures s'accompagne de forces relativement dangereuses, parce que tentatrices. Par contre l'être qui développe les forces de clairvoyance pour accéder dans le monde spirituel à une vision de la vie qui précède la naissance ne sera guère tenté d'abuser de ces forces de clairvoyance-là. En règle générale, ce sont d'ailleurs des âmes d'une certaine pureté, d'une moralité naturelle qui tournent avec sûreté leur regard vers la vie en esprit qui a précédé l'actuelle vie terrestre. Cela est lié au fait que les forces de clairvoyance ainsi utilisées pour observer précisément cette période sont les fotces de l'enfance, celles que l'on économise lors de l'apprentissage de la marche. Ce sont les forces les plus innocentes de la nature humaine. - Et je vous prie de prêter attention au fait suivant, car il s'agit de quelque chose de très important: les forces les plus innocentes sont en même temps celles qui, une fois développées, permettent de contempler la vie qui précède la naissance. C'est ce qui explique pourquoi le spectacle que nous offre l'enfant est tellement enchanteur et plaisant; l'aura de l'enfant est enveloppée par les forces dont la majeure partie sert à apprendre à marcher ; ce sont elles qui éclairent encore tout ce qui s'est passé avant la naissance. Sur ce point, l'enfant dont le visage reflète l'innocence et l'inexpérience dans le monde peut être pour l'observation clairvoyante bien plus intéressant par ce qui s'exprime dans son aura que ce qui s'exprime dans celle de nombreux adultes. Les luttes vécues dans le pays de l'esprit, celles qui ont précédé la naissance et ont déterminé le destin, sont à l'origine de l'aura qui entoure l'enfant et qui font de celle-ci quelque chose de véritablement grandiose qui traduit une grande sagesse. Cette sagesse qui rayonne au sein de l'aura de l'enfant est souvent bien plus grande que celle que l'homme d'un âge plus avancé peut exprimer par des paroles. Certes, la physionomie de l'enfant demeure encore imprécise, mais le clairvoyant qui contemple l'enfant peut apprendre énormément de lui s'il est capable de voir avec son regard clairvoyant ce qui enveloppe l'enfant. Lorsque les forces de l'enfance sont transformées ultérieurement en forces de clairvoyance, on parvient à voir directement les conditions concrètes qui précèdent de longue date la naissance de l'être humain. L'égoïsme n'est peut-être pas tellement satisfait par le spectacle qu'offre ce monde-là. Mais pour tout homme qui veut comprendre l'ensemble des rapports qui régissent le monde, le tableau qui s'offre au regard est particulièrement intéressant. L'investigation dans la chronique de l'Akasha, dans le but d'y retrouver certains hommes qui ont marqué l'histoire du monde, ne se réduit pas seulement à l'examen de leurs expériences sur le plan physique, mais permet également de découvrir comment ces âmes préparent leur incarnation terrestre dans le monde spirituel entre la mort et une nouvelle naissance.

Les forces qui, lorsqu'on les maintient pures, éclairent les incarnations antérieures, sont moins celles que l'on économise pendant l'enfance que celles qui se développent chez l'homme à un âge où se manifestent parfois les pires passions. Ces forces, qui ont encore d'autres tâches au sein de la nature humaine, se développent nettement plus tard que celles qui permettent de former la parole. Elles sont liées aux sentiments de l'amour sensuel qui se développe chez l'homme, ainsi qu'à tout ce qui s'y rattache. Il existe toute une parenté entre ce qui conduit à l'amour sensuel et ce qui mène au langage. Chez l'homme ce lien se manifeste par la mue, par la transformation de la voix. C'est à cet âge-là que s'économisent beaucoup de ces forces. Si elles sont maintenues pures, elles conduisent à la vision rétrospective des vies terrestres antérieures. Si elles ne sont pas maintenues pures et rejoignent les instincts sensuels de l'homme, elles peuvent conduire aux pires vices occultes. Cette sorte de forces de clairvoyance qui résultent précisément d'économies faites à cette époque de la vie, sont aussi les plus exposées à des tentations. - Je pense que vous devez pouvoir comprendre l'ensemble de ces rapports. Le clairvoyant qui aime parler de l'époque entre la mort et une nouvelle naissance - peut-être avez-vous déjà remarqué qu'il n'en est généralement pas dit grand-chose - ce clairvoyant-là a développé en lui surtout les forces économisées lors de la première enfance. Parmi les clairvoyants qui parlent beaucoup des incarnations précédentes, non sans y ajouter pas mal d'absurdités, ce qui arrive souvent, nombreux sont ceux qui présentent comme sur un plateau une masse d'affirmations portant sur des incarnations passées ; de ceux-ci il faut se méfier, car il est bien trop facile de recourir dans ce domaine aux forces qui sont le plus perméables aux tentations. Les forces que l'on économise à cet effet proviennent de l'époque où se développe l'amour sensuel et où l'on ne s'insère pas encore extérieurement dans la vie sociale. Ces forces conduisent parfois à de nombreuses absurdités, plus particulièrement à des énormités occultes, du fait qu'elles contribuent le plus à susciter illusion sur illusion dans le domaine du monde spirituel.

Pourquoi les indications données par ces clairvoyants exposés à des tentations sont-elles si souvent fausses ? Parce que parmi les forces économisées de la sorte au cours de cette période de la vie, l'utilisation de ces forces s'accompagne d'un genre de brouillard qui monte des passions et des instincts inférieurs. Lorsque ce brouillard monte à la surface, Ahriman et les esprits ahrimaniens surgissent pour transformer en spectres ce qui monte ainsi, de sorte que l'on peut voir ces spectres et les prendre pour des incarnations antérieures. La qualité de clairvoyance qui est nécessaire pour décrire des conditions du genre de celles relatées dans La "Science de l'esprit" peut être très facilement développée à partir de forces que l'on économise ; ceci ne peut se faire qu'à un âge un peu plus avancé. Entre la vingt et unième et la vingt-huitième année on a généralement développé des forces qui portent plus particulièrement sur la vie intellectuelle, sur la vie que l'on considère déjà avec un certain prosaïsme; c'est à ce moment que les investigations dans ce domaine sont le moins exposées aux erreurs et aux illusions. Nous avons donc vu que la compréhension des vastes rapports spirituels du monde peut être obtenue grâce au développement des forces qui, dans la nature humaine, agissent sur la formation du cerveau. La vue des vies terrestres antérieures est obtenue par le développement des forces que l'on peut économiser surtout pendant l'enfance, lorsque les forces formatrices de la parole ne servent plus à la formation du langage mais agissent dans le domaine des instincts sensuels et de leurs organes. Quand au domaine de l'esprit en tant que tel, celui qui est plus particulièrement intéressant là où se prépare une vie nouvelle, il peut être exploré grâce aux forces que nous économisons surtout dans la prime enfance, à l'âge où se fait l'apprentissage de la marche.

Il s'agit de faits étranges, certes, mais lorsqu'on veut pénétrer dans les mondes spirituels il faut être prêt à accepter de nombreuses idées qui au départ semblent paradoxales. Le monde spirituel n'est pas là pour n'être qu'un simple prolongement du monde physique sensible; il s'agit, au contraire, d'un monde qui sous bien des aspects est juste à l'opposé du monde physique. L'homme nous apparaît comme un être si important au sein du cosmos précisément parce que d'une part nous voyons son destin, ses facultés et sa vaillance au cours de sa vie terrestre, et que d'autre part, grâce à l'apprentissage de la spiritualité, nous voyons qu'entre la mort et une nouvelle naissance l'homme réalise une existence totalement différente de l'existence terrestre. C'est en constatant cela que l'homme se révèle à nous dans sa vraie signification et sa destinée.

Au cours de ces deux conférences j'ai voulu vous donner une description de différents aspects du monde spirituel. J'ai voulu le faire plus sous forme d'aphorismes puisque c'est la première fois que nous sommes réunis dans cette ville, que la plupart des auditeurs connaissent déjà les descriptions systématiques contenues dans mes livres, et que je désirais donner quelques précisions complémentaires. Cela m'a semblé, pour les amis réunis dans cette ville, plus utile que de choisir un chapitre de la science de l'esprit qui aurait demandé un exposé plus cohérent. Au terme de notre réunion si satisfaisante, permettez-moi encore de dire que l'on aimerait aujourd'hui que la science de l'esprit pénètre le plus possible dans le coeur et l'âme des hommes, car deux choses sont de première importance. Il y a d'abord le fait qu'en observant les réalités de cette vie, nous constatons qu'à la suite des acquis considérables de la civilisation les hommes sombrent de plus en plus dans le matérialisme. Pour cette raison l'humanité a un urgent besoin de la science de l'esprit. Les hommes en ont besoin parce que la vie extérieure les imprègne de matérialisme. Précisément parce que les plus grandes réalisations de la vie extérieure marquent inévitablement les hommes d'une empreinte matérialiste, une contrepartie est nécessaire, sous la forme de la science de l'esprit. Celle-ci est une nécessité pour la vie terrestre de l'humanité; elle ne cessera de l'être dans un proche avenir. Lorsqu'on songe que la vie extérieure s'enfonce dans le matérialisme à la suite des grandes conquêtes de la civilisation moderne, et qu'elle risque de dépérir, on éprouve un désir ardent de voir la science de l'esprit pénétrer dans le coeur et l'âme des hommes. Notre culture ne cesse de progresser, mais il est vrai que beaucoup d'oiseaux disparaîtront des régions où se dressent des cheminées d'usines. Il ne s'agit pas ici de prendre position contre les avancées de la civilisation avec ses chemins de fer, ses bateaux à vapeur et tout ce que le progrès peut nous apporter, tels que le téléphone, l'avion, etc. Il faut cependant savoir ceci: au même titre que les oiseaux sont chassés par la fumée des cheminées, le bonheur et la fraîcheur d'âme, l'harmonie et plus généralement la richesse de la vie intérieure devraient dépérir sous l'influence de la civilisation matérialiste, si la science de l'esprit ne réussissait pas à apporter à l'âme humaine la spiritualité dont elle a besoin. C'est pourquoi celui qui saisit clairement ces conditions doit éprouver un profond désir de voir se répandre la science de l'esprit, car cela correspond à une nécessité.

Puis il y a encore cet autre fait: à cause de cette civilisation matérialiste, les hommes n'ont encore jamais repoussé avec tant de vigueur, n'ont encore jamais autant qu'aujourd'hui manifesté de haine envers la science de l'esprit. - Une double réalité, celle de la nécessité et celle de l'incompréhension, se présente devant nous comme deux colonnes entre lesquelles nous devons passer si nous voulons introduire dans le monde la science de l'esprit. Pour nous qui voulons essayer de rendre nos âmes mûres pour la science de l'esprit, nous trouverons inscrit sur chacune de ces colonnes une exhortation forte : faire tout notre possible pour nous imprégner, nous et ceux qui le désirent, de lA science de l'esprit.

En exprimant ce voeu, mes chers amis, et en prenant congé de cette belle ville, je veux croire que notre rencontre aura été un stimulant pour une vie communautaire qui se maintiendra au-delà de l'espace et du temps. Permettez-moi de vous dire au moment de partir: je souhaite que notre rencontre en ce lieu demeure un stimulant durable pour notre union en esprit.

N.B: Pour ne pas heurter le lecteur non au courant des ouvrages de Rudolf Steiner, dans ce qui précède, j'ai remplacé le titre "Science de l'occulte" par "Science de l'esprit".

Remarques supplémentaires

Un cas particulier important est celui des morts par suicide. Les causes de suicide sont multiples et varient selon la culture et le lieu géographique. Quelquefois un adolescent sermoné par un parent ou un professeur se sent tellement dévalorisé qu'il se suicide. Beaucoup de personnes à force de voir passer les jours, les semaines et les mois, sans que leur état physique, suite par exemple à une maladie, ou sans que leur situation financière, sentimentale ou sociale ne s'améliore, envisagent de se suicider et parfois passent à l'acte. A notre époque, des kamikazes terroristes persuadés qu'ils accomplissent un acte noble, se suicident en entrainant avec eux dans la mort les personnes qui sont au mauvais endroit au mauvais moment, c'est-à-dire, sur leur chemin. De telle décision n'est pas sans conséquence au vu de ce qui est dit plus haut. Notre Vie ne nous appartient pas et nous devons respecter la loi: "tu ne tueras point". Quel est le gain si une fois passé de l'autre coté, on se retrouve isolé ou pire encore, dans les ténébres parce qu'on était athée de son vivant. D'autre part se cramponner à l'amour de Dieu et être persuadé qu'on va bénéficier de son indulgence et de son pardon dans l'au-delà est un mauvais calcul. Il y a une différence énorme entre une personne plus ou moins jeune qui meurt contre son gré suite à un accident et une personne du même âge qui se suicide. Voici ce que dit Rudolf Steiner dans une autre conférence:

Malheureusement, et surtout dans les pays riches, les psychiatres à qui on devrait confier notre santé mentale, sont pratiquement désarmés face aux vagues de suicides se produisant en grand nombre après le week-end, c.a.d les lundi, ou durant les périodes de fêtes, en particulier celles de Noël et du nouvel an, mais aussi au printemps ou au début de l'été c.à.d au moi de mai ou juin. Les gens déprimés sont très souvent parasités par des esprits retardataires qui hélas ne sont pas détectables avec les moyens de diagnostics de la médecine actuelle. D'ailleurs, la dépression est loin d'être une maladie réservée aux «pauvres». Elle frappe partout. Pour les trois quarts de la planète, la Suisse passe pour un pays idyllique, vivant de longue date dans la prospérité et la paix. Or, La Main tendue le rappelle, la Suisse partage avec le Japon et la Finlande le triste privilège de concéder l'un des taux de suicides les plus élevés au monde. C'est au point que les décès par suicide sont trois fois plus nombreux que ceux dus aux accidents de la route.

Les conséquences du suicide varient de cas en cas. En particulier les bonnes actions accomplies sur terre par le suicidé lui envoient de la lumière dans le monde de l'âme. Mais tant qu'on peut, mieux vaut prévenir que guérir. Le remède existe. En cas de dépression, lorsque le sentiment de ne pas pouvoir s'en sortir atteint un point culminant, il faut faire appel au Christ-Jésus avec foi et ferveur. C'est d'ailleurs l'occasion de donner une nouvelle direction à l'ensemble de sa vie et opter pour une vie plus religieuse et moins matérialiste. De telle détresse peut arriver non seulement à une personne mais également à un groupe d'hommes qui traversent ensemble une situation catastrophique.

Une dernière question reste encore ouverte. Est-ce que l'euthanasie est une exigence découlant de l'amour du prochain ? Au lecteur d'y répondre.

Merci de me signaler vos éventuelles remarques en cliquant sur l'îcone ci-dessous.


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