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Le bien et le mal
La compréhension de ce qui suit nécessite une lecture préliminaire de mes deux autres thèmes:
"La Genèse" et "Les Hiérarchies spirituelles".

L'arbre de la connaissance
L'arbre de la connaissance du bien et du mal
A méditer...

Un évènement capital que l'Ecriture désigne sous le nom de "la Chute de l'homme" et qui était survenu vers la fin de l'époque lémurienne à cause de Lucifer, le serpent tentateur, perturba l'évolution de l'humanité. Lucifer, être angélique au stade d'évolution de l'ancienne Lune, introduit ses immenses forces astrales dans l'âme sentante de l'homme, ce qui a pour effet de conférer à celle-ci, et donc au corps astral, une égocentricité qui, d'après les plans divins, n'aurait jamais dû y être. Cette astralité égocentrique envahit en quelque sorte toute l'organisation de l'homme et rend impossible au Christ, porteur du Moi spirituel de l'humanité, d'accomplir sa mission au milieu de l'époque atlantéenne.

Car ces forces égocentriques lucifériennes sont de nature à s'opposer aux plans divins -- Lucifer est l'ange révolté; elles détachent l'homme du monde spirituel et le font descendre plus tôt et plus bas dans le monde matériel que ne l'avaient prévu et voulu les Elohim en le créant. "Vos yeux seront ouverts" (pour le monde matériel), "vous serez comme les dieux, connaissant le bien et le mal" (Gen. 3, 5). C'est Lucifer qui ouvre les yeux à l'homme et le doue de la première étincelle de la conscience du moi, c'est-à-dire de ce moi psychologique (inférieur) qui est à la base de notre recherche de liberté.

Le supplément d'astralité luciférienne dont l'homme est ainsi gratifié se traduit par un déclenchement de désirs et de passions égoïstes qui ne sont plus conformes aux desseins des Dieux. Par là, l'homme rend son être vulnérable à l'assaut des forces ahrimaniennes qui surviennent au milieu de l'époque atlantéenne, juste au moment où le Christ aurait normalement dû intervenir dans l'évolution de l'humanité. Ce fait est hautement significatif et peut nous rendre attentif à la nature d'Ahriman, esprit solaire, mais esprit solaire déchu. On trouve une trace de cet événement dans l'Ecriture au sixième chapitre de la Genèse où il est dit que "les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles et s'unirent à elles". Ahriman s'introduit dans l'âme pensante, c'est-à-dire dans l'intellect de l'homme.

Par Lucifer qui pervertit instincts et passions, l'homme accomplit la chute morale; par Ahriman qui fausse la nouvelle faculté de penser par la possibilité de l'erreur et du mensonge, l'homme accomplit la chute intellectuelle. A la suite de la séduction luciférienne, l'homme descend dans le monde matériel et se revêt, d'un corps physique dont la substantialité est encore subtile; à la suite de la tentation ahrimanienne, l'homme s'intéresse de plus en plus aux forces et substances matérielles qu'il aime, qu'il est curieux de connaître et d'exploiter pour son bien-être matériel. Et, par cette ultime descente dans le monde matériel, il perd dans sa conscience le dernier contact avec le monde suprasensible, qui est pourtant celui de ses origines. "Dieu est mort", rien ne saurait mieux que cette parole de Nietzsche exprimer la situation de l'homme moderne qui étouffe sous le poids de ses inventions et de sa technique, par lesquelles il s'est totalement séparé du règne du Père dont il a oublié jusqu'au nom.

Toute cette évolution prépare en fait notre époque actuelle, celle qui doit développer l'âme de conscience et au cours de laquelle l'homme doit accéder à la pleine liberté, en se détachant complètement de ses créateurs, les Elohim. Rudolf Steiner le souligne en disant : " Au cours de notre époque, l'homme peut acquérir un pouvoir de décision totalement indépendant des Dieux". Mais cette accession à la liberté qui devient ainsi possible à l'homme implique que l'âme de conscience ne pourra être développé que par l'homme lui-même. Autrement dit, notre avenir, l'avenir de l'humanité, est entre nos mains. Dire que notre époque est celle de l'âme de conscience ne signifie donc nullement que celle-ci nous soit octroyée par une décision et une grâce divines qui nous forceraient en quelque sorte à être libre -- ce qui serait absurde --, mais que, par l'action des Dieux réguliers qui veillent sur l'humanité, l'organisation corporelle de l'homme et notamment la structure du cerveau doivent se modifier de telle sorte que l'âme de conscience puisse se développer sur cette base, si l'homme fait pour cela les efforts nécéssaires.

Ne devons-nous pas nous demander comment une telle oeuvre, au sens le plus noble du mot, pourra être accomplie par l'homme actuel, dont les forces de volonté semblent si affaiblies et l'intérêt complètement absorbé par le développement du bien-être matériel ? Certes, à lui seul, il serait incapable d'y arriver s'il n'était aidé dans sa tâche par l'être qui est précisément le porteur des forces du Moi spirituel, le Christ. Nous avons signalé, plus haut, que d'après les plans divins l'homme aurait dû recevoir, au milieu de l'époque atlantéenne, l'impulsion du Moi spirituel. C'est à cette époque, en effet, que le Christ aurait dû s'unir à l'humanité qui serait alors restée à un état spirituel, si les desseins divins n'avaient pas été troublés par l'action luciférienne vers la fin de l'ancien Lémurie. Du fait de cette action, donc de la conscience du moi, et de son expulsion du paradis, c'est-à-dire de sa séparation d'avec ses créateurs, tout fut modifié. Le Christ ne put accomplir sa mission auprès de l'humanité tombée dans le monde matériel qu'à la quatrième civilisation post-atlantéenne, au début de notre ère.
La Terre telle que nous la connaissons est impliquée dans cette mission qui est l'introduction du Moi spirituel (supérieur) dans l'humanité afin que l'"homme" accède réellement au niveau de l'humain. Pour le moment, et il faut s'en convaincre, c'est notre moi psychologique (inférieur) qui est le centre de notre être. Saint  Paul l'a bien ressenti lorsqu'il dit: "Car je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas" (Rom. 7,9).

Ce moi psychologique, avec ses pensées claires, rigides, scientifiques, nous le devons également à Ahriman dont le pouvoir froid, logique, agit dans notre science, dans toutes nos techniques. C'est à Ahriman que nous devons la domination des forces de la nature, l'énergie atomique, l'astronautique, les substances synthétiques, tous les instruments et inventions de mort qui remplissent les arsenaux ou qui servent partout sur le globe à empoisonner, détruire, tuer, anéantir.

Ayons donc le courage de nous dire: ce que nous appelons notre moi, tout ce qui constitue le contenu de notre individualité, nos désirs, nos passions, notre égoïsme, nos penchants, c'est Lucifer qui agit dans notre âme sentante. Reconnaissons aussi que notre intelligence froide et implacable, dirigée vers ce monde matériel et technique, la subtilité de nos mensonges, la finesse de nos tromperies qui nous ont si souvent assuré l'avantage sur les autres, c'est là Ahriman qui oeuvre dans notre âme pensante.

Comment alors trouver le chemin qui nous conduira à notre véritable être ? En développant l'âme de conscience qui est une partie du Moi supérieur par un travail spirituel. Lorsque nous saisissons vraiment sa nature spirituelle dans son éblouissante clarté, nous pouvons nous sentir dans une région de l'esprit dans laquelle peuvent être forgées les armes à déjouer les attaques des deux tentateurs. Le Moi supérieur, cette entité spirituelle véritable de l'homme qui reste comme un spectateur dans le monde suprasensible d'où il dirige notre destinée, est lui-même une étincelle issue de ce Soleil spirituel qu'est le Christ. Il l'a dit à ses disciples: "Vous êtes des dieux, en vous vit l'étincelle divine" (Jean 10, 34).

Nous savons que nous ne pouvons que peu à peu acquérir, par des efforts inlassables, cette étincelle divine et introduire le Moi supérieur dans notre vie terrestre. L'étude de la destinée nous offre un chemin de choix pour nous approcher du mystère de notre propre être: Identifions-nous complètement, sans restriction aucune, avec les coups du sort, les évènements de notre vie, les rencontres décisives. Acceptons totalement ce que l'hérédité, le milieu familial et social nous ont offert et toutes les responsabilités de développement, mais aussi de peines, de maladies, de souffrances !

Dans la vie habituelle, nous faisons généralement juste le contraire: un évènement pénible survient, un revers de fortune, la perte d'une situation, d'une affaire, un accident, une maladie; immédiatement nous savons qui en est l'auteur, quelle en est la cause. Cette cause, ce sont "les autres", ou bien le hasard, les circonstances; celui-là me met des bâtons dans les roues, celle-là, cette intrigante, ne m'aime pas. Ah! si les autres étaient comme nous, le monde irait mieux!... Cet exercice de nous identifier avec tout ce qui nous arrive, de nous considérer comme l'auteur, dirige notre attention, notre sensibilité, notre volonté vers les causes profondes de notre destinée. Or ces causes, résident dans notre Moi supérieur lui-même, dans notre entité réelle, éternelle.

Il faut compléter cet exercice, qui doit en réalité devenir une attitude constante de notre âme, par cet autre, par lequel nous nous distançons de tout ce qui nous concerne. Nos affaires personnelles, notre petit bonheur ou malheur, notre bien-être ou mal-être, tout ce qui semble si important à notre égoïsme, regardons-le comme un étranger le regarderait. Que tout cela prend alors peu d'importance! En nous exerçant ainsi toujours à nous placer avec toutes les forces de notre âme dans la situation réelle du Moi supérieur, nous avançons sur le chemin qui nous conduit vers ce Moi, nous travaillons effectivement au développement de l'âme de conscience qui est de nature essentiellement volontaire. Ainsi notre époque est celle qui permettra à l'homme, grâce aux forces du Christ, mais grâce aussi à ses propres efforts librement consentis en vue de son évolution, de se relever de la chute morale et intellectuelle qu'il a subie.

Extrait d'une conférence de R. Steiner
Dornach, 13 septembre 1918

Dans notre penser - et on ne peut imaginer ce penser dans l'évolution sans la collaboration, par exemple, de l'élément linguistique - agit le principe ahrimanien. Dans notre vouloir, agit l'élément luciférien. Le principe ahrimanien nous pénètre en emportant -notre intellect qui, du point de vue de l'évolution globale, est aujourd'hui encore plus faible, qui est enfantin, à une certaine hauteur solaire. Mais cela entraîne son propre revers : nous avons un intellect dont en fait nous ne sommes pas le terreau ; nous avons un intellect que l'on pourrait comparer non pas à une plante qui pousse dans le sol et fait ensuite son germe, mais à une plante sur laquelle est posée une autre plante, à une plante qui ne porte pas de germe mais en porte une autre, beaucoup plus parfaite.

Notre intellect a une ordonnance, une structure ahrimanienne. C'est pourquoi il a quelque chose d'éblouissant pour l'homme. Naturellement, si nous pratiquons la science de l'esprit, nous ne défendons pas un point de vue qui interdirait de se servir de cet intellect, sous prétexte qu'il est ahrimanien , il faut seulement regarder les choses sans illusion, il faut seulement bien savoir que l'intellect humain est une lumière qui brille fort, plus fort que ne pourrait briller l'intellect qui découle au­jourd'hui de la nature humaine. Le principe intellectuel a quelque chose d'éblouissant pour la nature humaine, quelque chose qui pousse les choses dans une certaine sphère, au sein de laquelle l'homme est ébloui. Quand l'homme éclaire les choses avec son intellect, c'est comme si une lumière extrêmement éblouissante tombait sur elles. En fait, il les transforme ainsi, pour l'essentiel, en illusion.

De même que le principe ahrimanien intervient dans notre intellect, le principe luciférien agit dans notre vouloir en vue de l'endormir, de l'endormir vraiment. De même que le principe ahrimanien éclaire notre intellect en germe, le principe luciférien endort le sujet de notre vouloir, qui porte en réalité la mémoire de tout le passé, rendant ainsi l'homme totalement ignorant de ce passé.

C'est le fondement profond de la dualité en l'être humain, cette dualité qui doit être dépassée, non en faisant appel à de pures théories, mais en s'adressant aux faits mêmes, aux faits de la vie spirituelle, quand on sait que les origines cosmiques de notre intellect sont différentes de celles de notre vouloir. Avec notre intellect et notre vouloir, c'est comme si on plaçait côte à côte un enfant et un vieillard et que l'on succombe alors à une illusion provoquée artificiellement, en les coiffant tous deux de ce mot abstrait d'« être humain », qui n'est justement qu'un mot abstrait, et en disant : l'enfant est un être humain, le vieillard est un être humain. Les hommes d'aujourd'hui aiment bien ce genre de concepts où tout se mêle. De même, on affirme aujourd'hui l'unité de l'âme et l'on croit que l'âme en tant que telle a le même lien originel avec le penser intellectuel qu'avec le vouloir aimant, alors qu'il faut effectuer les distinctions que je viens d'indiquer si l'on veut vraiment comprendre l'être humain. La vision du monde issue de la seule pensée intellectuelle ne peut jamais toucher la réalité, elle demeure une hallucination parce qu'elle provient d'une imprégnation de notre intellect par une entité spirituelle qui n'appartient pas à ce monde : une entité ahrimanienne et spirituelle qui n'appartient pas à l'ordre du monde que nous avons sous les yeux. Il en va de même d'autre part en ce qui concerne le vouloir, qui est imprégné d'une entité luciférienne.

On a toujours senti ces choses et les gens les ont exprimées avec tels ou tels mots. On remarque peu que l'Ancien Testament a déjà pressenti cette polarité du principe ahrimanien et du principe luciférien. Je dis qu'on ne prête guère attention à cela, car les hommes, quand ils lisent la Bible, lisent gentiment les chapitres les uns après les autres sans faire de distinction particulière entre eux , ils ne distinguent pas l'opposition entre le livre de Job et les livres de Moïse. Mais cette opposition évoque déjà la polarité entre le principe ahrimanien et le principe luciférien, qu'il faut saisir. Moïse pose la question du mal dans la nature humaine, il demande comment la haine intervient, dans les hommes. C'est la question du mal que pose Moïse. Et il présente alors dans une image grandiose le pêché originel. Nous savons que derrière ce pêché originel se cache ce que nous appelons l'entrée du principe luciférien dans la nature humaine. Une certaine conséquence découle de la vision de Moïse: c'est en fait de ce pêché humain - pré-humain si vous préférez - que provient tout le malheur, et aussi la mort. On peut donc dire : Moïse considère que le malheur et la mort sont les conséquences du pêché.

Le livre de Job représente une conception radicalement opposée. Premièrement, vous n'avez pas un serpent, mais un être purement spirituel, un être ahrimanien qui s'approche de la divinité même. Et en Job, nous n'avons pas un homme comme Adam, qui peut succomber au pêché, mais un homme qui a la réputation d'un « juste ». Et comment cet être qui s'approche de Dieu veut-il s'y prendre pour faire de Job un pêcheur ? En appelant le malheur sur lui ! C'est exactement l'inverse : cet être veut précipiter Job dans le malheur afin qu'il pêche. Le malheur est déjà là, et c'est du malheur que le pêché doit venir. Selon Moïse, le malheur vient du pêché, dans le livre de Job, le pêché vient du malheur: cette opposition est perçue au niveau du sentiment. Là se manifeste déjà un certain dualisme que l'on pressent. Il y a des façons de voir radicalement opposées dans le livre de Job, plutôt païen, et le livre de Moïse, entièrement juif. Mais comme je l'ai dit, on lit les choses les unes après les autres sans toujours leur prêter attention.

Aujourd'hui, il est absolument nécessaire pour l'humanité que les hommes ne se laissent pas séduire par cette stupide « connaissance de soi » que l'on désigne souvent comme un but à atteindre, mais que l'homme apprenne vraiment à se connaître lui même, qu'il apprenne à distinguer objectivement l’intellect et le vouloir, de même qu'il apprend à distinguer l'hydrogène et l'oxygène; sinon il n'échappera qu'en apparence à un certain dualisme.

"La science, telle qu'elle se développe dans notre phase moderne d'évolution, a besoin d'un complément, qui est la connaissance de l'homme". Ce complément, la science spirituelle est seule à pouvoir l'apporter. Ce n'est pas acquérir une connaissance de l'homme que de le disséquer, de lui extraire le cerveau, le foie, l'estomac, le coeur, car de cette manière, on n'obtient rien de plus, avec quelques changements, que ce qu'on obtient en disséquant les animaux supérieurs. Cela n'a effectivement aucune valeur pour la connaissance de l'homme. Mais ce qu'on acquiert à l'aide de la Science spirituelle a de la valeur.

 

Extrait d'une série de conférences de R. Steiner
Dornach, le 11 mars 1921

Je voudrais vous faire aujourd'hui une sorte de résumé de quelques vérités que nous connaissons déjà, d'une manière ou d'une autre, mais que nous devons nous remémorer sans cesse, si nous voulons extraire du savoir anthroposophique des impulsions utiles aux hommes du temps présent.

Je vous ai parlé souvent des différents courants qui traversent notre monde et vous connaissez déjà la terminologie "luciférien, ahrimanien" - ainsi que la notion d'équilibre entre ces grands courants opposés. Nous définissons cet équilibre au mieux quand nous les annulons en quelque sorte, par le courant christique. Vous savez que le groupe sculpté qui doit figurer au centre de notre Goetheanum tente d'exprimer le mystère de cette Triade: Lucifer, Ahriman et le Christ.

L'homme étant, finalement, le résultat de la confluence entre toutes les forces de l'univers, nous voyons nettement comment ces trois courants agissent en lui. Nous savons qu'il faut distinguer dans l'homme - sous quelques réserves que vous connaissez - l'organisation de la tête, qui est essentiellement celle du système neuro-sensoriel, et le système rythmique, qui englobe les rythmes de la respiration et de la circulation sanguine. Vous savez enfin que la troisième partie de l'organisme humain, c'est le système des échanges matériels, dits métaboliques, qui est lié étroitement au système des membres.

Mais on peut aussi concevoir cette triade sur le plan de l'âme et dire: le système neuro-sensoriel est le porteur des représentations, des pensées; le système rythmique est le porteur de la vie des sentiments; le système métabolisme-membres est le porteur, de la vie volontaire.

Maintenant, rendons-nous bien compte de ce qui suit: nous n'avons une véritable conscience diurne, une conscience de veille, que grâce aux représentations qui s'y développent. Le système rythmique (thoracique) est le porteur de la vie des sentiments de notre âme. Cette vie dite sentimentale, ou affective, n'est pas aussi pleinement consciente que la vie des représentations. On peut dire qu'elle n'est guère plus consciente que nos rêves. Bien que nos rêves soient des images, ils ne sont pas à un niveau de conscience plus élevé que les sentiments. Leur apparence est autre, parce que la vie sentimentale ne se présente pas sous la forme d'images. Mais en ce qui concerne l'intensité consciente, les rêves et les sentiments sont au même niveau. Quant à la vie volontaire, elle est complètement enveloppée d'inconscience, une inconscience semblable à celle de l'homme qui dort d'un sommeil sans rêves. Le substrat de cette vie volontaire est le métabolisme, avec le système des membres. Sous le rapport de sa volonté, l'homme est un dormeur, même alors qu'il veille. Il voit apparaître les effets de ses volitions, il se les représente, comme il se représenterait n'importe quoi d'autre. Mais ce qui agit réellement dans sa volonté, il n'en a aucune conscience et il "dort" cette part de son être, comme il "rêve" ses sentiments.

Considérons le substrat corporel de la vie volontaire, qui est le métabolisme avec le système des membres. L'homme est environné par un monde spirituel. Chacune de ses parties, quel que soit son niveau de conscience, existe aussi au sein de ce monde spirituel.

Si cela (le cercle) est l'univers spirituel, admettons que l'on en prend une partie (inclusion rouge) représentant la région de ce monde spirituel à laquelle se rattachent notre volonté et notre organisme métabolique.

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Comment s'insère-t-elle dans l'univers spirituel? Et que représente, en réalité, cet univers spirituel? L'inclusion rouge représente notre volonté et, corporellement, notre métabolisme. Lorsque nous examinons, chez l'homme, un organe quelconque, tel que le foie, nous nous rappelons toujours qu'il fait partie de tout l'organisme et qu'il a une importance pour tout l'organisme. De même, au sein du grand organisme universel, (blanc), nous pouvons arrêter notre attention sur la volonté humaine et sur le métabolisme humain, qui y sont comme nichés. Mais quel est ce grand organisme universel?

Je répondrai: c'est la vie dans l'univers des entités spirituelles que la Bible appelle "les Elohim".

De même que nous vivons au sein de la nature extérieure qui est perçue par nos sens, nous sommes, par la région de notre être que je viens de caractériser, et dans laquelle notre conscience reste comme endormie - mêlés à la vie des Elohim.

Eh bien, nous allons parler plus longuement de ces choses, mais je vais tout d'abord vous les esquisser. Considérons, au sein de l'évolution universelle, la vie des Elohim. Vous lirez dans ma "Science de l'occulte" que ce sont les Esprits de la Forme. Ils étaient montés à ce rang à partir de stades évolutifs antérieurs; ceci nous fait remonter dans le passé jusqu'à la phase appelée "ancienne Lune". Là, les Esprits de la Forme étaient des Archées (Forces originelles). A la phase de l'ancien Soleil, ils étaient des Archanges, et si nous reculons jusqu'à l'ancien Saturne, il y étaient des Anges. De là, ils sont montés progressivement jusqu'au rang d'Elohim et ,d'Esprits de la Forme.

Nous savons que, nous aussi, nous évoluons. Quand serons-nous parvenus à la hauteur où sont maintenant les Esprits de la Forme? Quand nous aurons traversé les étapes évolutives de Jupiter, de Vénus et de Vulcain! Vous pouvez résumer en un tableau ce que j'ai exposé dans ma "Science de l'occulte":

Existence saturnienne 1 5
Existence solaire 2 6
Existence lunaire 3 7
Existence terrestre (Homme)    4        8 (Elohim)
Existence jupitérienne 5
Existence vénusienne 6
Existence vulcanienne             7

(Homme)  

8

Vous avez ainsi sept phases successives, que l'on peut appeler aussi sept sphères évolutives. Les Esprits de la Forme, ou Elohim, sont entrés dans la huitième sphère.

C'est là, si je puis dire, ce qui caractérise la position des Elohim. Lorsque la "terre" commença, ils en étaient au stade qui correspond, pour les hommes, à Vulcain. Ils montèrent de là dans la huitième sphère. Qu'en est-il alors de l'homme?

Jusqu'alors, l'homme était, en quelque sorte, un membre de la hiérarchie des Elohim, et il aurait pu rester cela. Depuis Saturne, les Elohim portaient l'homme dans leur sein, comme je l'ai, décrit dans ma "Science de l'occulte". Toute l'évolution que j'ai décrite reposait dans le sein des Elohim.

Lorsque commença la "terre", la question se posa: les hommes resteraient-ils des membres privés de toute autonomie dans le grand organisme des Elohim, qui accédaient à la huitième sphère, ou bien, s'éduqueraient-ils à la liberté, deviendraient-ils indépendants? - La réponse est très précise: nous restons des membres des Elohim en ce qui concerne notre faculté volontaire et notre système-métabolique et des membres. Là, nous dormons, là, nous ne sommes pas autonomes. Nous ne le sommes qu'en ce qui concerne notre tête, notre système neurosensoriel.

Et comment nous fut donnée cette autonomie de la tête et du système neuro-sensoriel? Certaines entités, qui seraient, elles aussi, devenues des Elohim, si elles avaient progressé selon la norme, ne sont pas devenues des Elohim. Elles sont restées en retard, au niveau des Archées ou des Archanges. Quand on les considère aujourd'hui, par les moyens de l'investigation occulte, elles en sont restées à la même sphère que les Anges et les Archanges: elles possédaient originairement la même nature que les Esprits de la Forme, que les Elohim; mais elles ont été retardées dans leur évolution et elles se sont mêlées aux cohortes des Anges et des Archanges. Leur influence sur l'homme a dû se restreindre à agir uniquement sur la tête et les nerfs, non sur l'homme tout entier, et non sur le système métabolisme-membres - qu'était ce que l'homme avait acquis principalement dans la phase terrestre.

Je vais dessiner ici le système neuro-sensoriel de l'homme (tête) comme un pôle opposé au système métabolique et des membres.

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Il ne s'agit plus ici du grand organisme universel des Elohim. Ici agissent les Elohim retardés (jaune) au sein de la sphère où sont aussi les Anges, les Archanges et les Archées (rose). Ces entités retardées sont, en fait, les adversaires des autres Elohim. Les autres Elohim ont laissé à l'homme une certaine autonomie, mais ils n'auraient pas pu lui donner la liberté. Ils ont, pour cela, trop de pouvoir sur la totalité de l'être humain.

Par contre, les esprits retardés dont je parle, se limitent à agir sur la tête de l'homme, où ils ont pu faire naître la raison. Ces esprits sont essentiellement des entités lucifériennes. Ils ne nous confèrent la volonté qu'à un niveau inférieur. Les Elohim confèrent la volonté à l'homme tout entier, mais les esprits lucifériens ne la donnent qu'à la tête. S'il n'en était pas ainsi, la tête serait remplie de représentations privées de tout caractère volontaire. Mais les représentations ne deviennent raisonnables que lorsqu'elles sont imprégnées de volonté, et deviennent par là des forces de jugement. C'est ce que confèrent ces esprits.

Vous le voyez à présent, et à nouveau, d'un point de vue précis. On n'a pas le droit, lorsqu'on envisage la grande polarité universelle, d'employer des concepts platement bourgeois! On n'a pas le droit de regarder les esprits lucifériens avec dédain ou avec hostilité. On doit se rappeler que ce sont des esprits d'un rang notablement plus élevé que l'homme. Ils ne sont pas nos ennemis, ils sont les adversaires des Elohim. C'est cela que nous devons, avant tout, considérer chez eux.

Quand commença la phase "terre", les Elohim étaient parvenus au sommet de leur dignité. Les autres entités dont je parle étaient restées retardées a des niveaux antérieurs. Elles furent donc surtout les porteurs de ce qui fut imprimé dans l'homme par son passé, à travers Saturne, le Soleil, l'ancienne Lune, de tout ce qui a été mis dans l'homme par son long passé au sein de l'univers.

Du fait qu'ils sont restés en arrière, en s'opposant dans une certaine mesure aux Elohim en ce qui concerne l'homme terrestre, ces Esprits de la Forme égarés parmi les cohortes des Anges, des Archanges et des Archées confèrent à l'homme tout ce qui l'empêche de descendre jusqu'au plus bas de l'existence terrestre. Ils voudraient, en somme, le maintenir au-dessus du monde minéral. Ils préféreraient que l'homme ait uniquement l'expérience du règne végétal, du règne animal et du règne humain. Ils ne sont, notamment, pas enclins à laisser l'homme prendre connaissance de la Technique et de tout ce qui s'y rattache. La Technique les irrite tout particulièrement.

En somme, ils voudraient maintenir l'homme dans une sphère spirituelle et l'empêcher d'accéder à ce qui est proprement terrestre. C'est pourquoi ils sont les adversaires des Elohim, qui ont solidifié l'homme "dans la poussière de la terre", comme le dit la Bible. C'est de cela que les esprits lucifériens veulent délivrer l'homme, mais c'est à cela que l'homme doit sa liberté.

Les esprits lucifériens ne sont pas intéressés par cette liberté que l'homme devrait trouver dans l'élément terrestre.

Cependant, l'homme a été introduit, autrefois, par les Elohim, dans le monde minéral terrestre. En conséquence de ce fait, d'autres esprits ont eu accès à l'homme.Prenez bien garde à la différence entre les entités lucifériennes dont je viens de parler, et les entités dont je vais parler à présent! Les premières vivent dans la sphère des Anges et des Archanges; ce sont elles qui confèrent à la tête de l'homme l'intelligence et la raison, de l'imagination, des tendances artistiques, etc. Les autres entités ont eu accès à l'homme du fait que celui-ci a été plongé dans le monde minéral, et que les Elohim lui ont donné une certaine autonomie, d'ailleurs incomplète - puisqu'il continue à vivre sa volonté dans l'inconscience (donc aussi son métabolisme).

Ces autres entités s'insinuent en quelque sorte dans l'évolution de l'homme. Elles viennent du dehors. Pour les trouver, l'investigation occulte doit se tourner vers les cohortes des Chérubins, des Séraphins et des Trônes. Certaines entités qui appartenaient autrefois à ces hautes Hiérarchies se sont, elles aussi, retardées. Elles sont seulement devenues des Esprits de la Sagesse. Leur ambition est d'inaugurer sur la terre une toute nouvelle Création, dans laquelle l'homme terrestre serait conservé tel qu'il est actuellement. Ils voudraient le prendre comme un nouveau début, tel qu'il a été incarné par les Elohim dans le règne minéral, et promouvoir ainsi son évolution. Ils voudraient annuler tout le passé: "A quoi bon tous ces globes, Saturne, . etc ... " disent-ils. "Nous ne nous en soucions plus!" "Arrachons l'homme aux Elohim, et commençons une toute nouvelle évolution!"

Ce sont les entités ahrimaniennes. Elles veulent annuler tout le passé, et faire en sorte que l'homme soit uniquement le résultat,de ce qu'il a conquis directement sur la terre.

Les Elohim occupent une position médiane, centrale. Ils veulent rattacher le passé à l'avenir. Les esprits lucifériens voudraient pénétrer l'homme de son passé grandiose. Les esprits ahrimaniens voudraient anéantir tout ce qui subsiste de ce passé, arracher aux Elohim cet homme fait de poussière terrestre et s'en servir pour un nouveau début, pour une nouvelle Création. Ils voudraient recommencer l'évolution à partir de la terre. "Loin de nous ces univers révolus de Saturne, du Soleil et de la Lune!" disent-ils. "Rien de tout cela ne doit avoir pour l'homme la moindre importance. La terre doit devenir un nouveau Saturne d'où sortira un nouveau Soleil, etc." Tel est l'idéal des entités ahrimaniennes. Elles se déchaînent dans l'inconscient de l'homme, c'est-à-dire dans sa volonté, dans son métabolisme et dans ses membres. Elles tentent d'insuffler aux hommes un intérêt très vif pour ce qui est minéral et matériel, et plus encore, pour ce qui apparaît sous la forme de mécaniques, de machines. Elles souhaiteraient détruire ce que la terre a conservé de vestiges de l'ancienne Lune, de l'ancien Soleil et de l'ancien Saturne. Elles souhaitent aussi la disparition du règne animal, du règne végétal et de l'homme physique actuel, afin qu'il ne reste que les lois physiques du règne minéral. Leur but est essentiellement de retirer à la terre ses habitants humains et de créer, en quelque sorte, un nouveau Saturne entièrement fait de machines, un futur univers entièrement mécanisé...

Dans le domaine religieux, il est facile de reconnaître le contraste entre le courant luciférien et le courant ahrimanien. Dans l'Antiquité - vous le savez par mes autres conférences - les hommes étaient plutôt exposés à l'influence des esprits lucifériens, qui agissaient sur sa tête. Vous trouverez cela chez Platon. Quand on parlait de l'éternité de l'âme humaine, on faisait surtout allusion à la préexistence, et au souvenir qui peut en rester dans les âmes. Cela cessa à mesure qu'on entrait dans le Moyen Age, jusqu'à ce que l'Eglise en vint à interdire tout à fait la croyance à la préexistence, et de nos jours, cette croyance est une hérésie condamnée par l'Eglise catholique. Car cette Eglise ahrimanisée ne consent à prolonger la vie humaine que dans un seul sens: après la mort. Ce qui se passe après la mort est pour elle le résultat pur et simple de la vie terrestre qu'on vient de quitter.

Ceci est un dogme, un article de foi. Ce que l'homme a vécu ici-bas dans la vie physique, il l'emporte avec lui, après sa mort. Son âme se le rappelle constamment. La vie post-mortem n'est que la continuation de ce qui s'est passé entre la naissance et la mort. Or, les esprits ahrimaniens veulent exactement la même chose! - Ce sont là de graves questions, qui doivent préoccuper l'humanité actuelle: si cette croyance ahrimanienne en une seule immortalité continue à fleurir et à prospérer, on ne parviendra pas à relier la préexistence à la post-existence par un terme médian, créateur d'équilibre.

C'est cela que la Science Spirituelle a le devoir de rechercher: le principe christique, l'équilibre entre Lucifer et Ahriman, entre la croyance à la post-existence et la croyance à la préexistence. Après que l'humanité se sera adonnée, quelque temps encore, au souci exclusif de la vie post-mortem, il faudra qu'elle y ajoute une prise au sérieux de la vie prénatale. Ainsi seulement, elle prendra complètement conscience de ce qu'elle est.

 

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