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L'homme et les substances naturelles
Les substances dont nous tirons nos remèdes sont issues des différents règnes de la
nature - minéral, végétal et animal - et sont, de ce fait, des substances étrangères
à l'homme. Même une substance empruntée à un autre être humain - ainsi le sang d'une
transfusion - présente pour le receveur un caractère étranger. Il est donc nécessaire
que l'organisme dans lequel on aura introduit une substance quelconque la transforme, la
fasse sienne. Car l'être humain, avec son Je, est à tel point individualisé qu'il ne
tolère que ce qu'il a préalablement métamorphosé en substance propre, qu'il a marqué
de son sceau. Il s'efforcera en revanche de se débarrasser de tout ce qui conserve des
propriétés étrangères. Ainsi, l'organisme rejette la greffe prélevée sur un autre
individu. Il n'est possible de la lui faire tolérer qu'en annihilant toutes ses
réactions de défense, autrement dit en lui faisant perdre son individualité, ce qui,
évidemment, est incompatible avec une existence respectant l'intégrité de la personne.
Réaction de l'organisme aux substances naturelles
Cette nécessité de transformer, d'humaniser tout ce que l'organisme absorbe, concerne
aussi bien les médicaments, quelle que soit leur voie d'introduction, que les aliments.
En l'obligeant à transformer une substance étrangère, nous demandons un travail à
l'organisme; nous suscitons ainsi en lui des réactions qui, si le choix du médicament
est correct, seront susceptibles de rétablir l'harmonie entre ses éléments constitutifs
- corps physique, corps éthérigue, corps astral et Je -, autrement dit de le guérir. Il
serait évidemment bien tentant de supposer qu'il existe toujours un remède capable de
rétablir cet équilibre, ce qui, à l'extrême, laisserait envisager un prolongement
indéfini de la vie. N'oublions pas que l'équilibre entre les quatre éléments
constitutifs se modifie constamment de la naissance à la mort, dessinant un profil
caractéristique pour chaque individu en fonction de sa destinée. Rétablir l'équilibre
consistera donc à rejoindre ce profil dans la mesure où l'individu s'en est écarté.
Cela ne signifie pas qu'il soit absolument impossible de modifier le profil en question,
mais nous abordons là un problème d'éthique médicale dépassant le cadre de cet
ouvrage.
L'introduction d'une substance dans l'organisme exige non seulement un travail, mais aussi
des aptitudes adéquates. L'organisme, serait incapable d'effectuer ces transformations
s'il ne savait comment attaquer la substance étrangère, tout comme vous seriez
incapables de démonter un mécanisme qui vous serait inconnu. Il est donc nécessaire que
l'organisme, ait une certaine connaissance du remède, qu'il en ait gardé la mémoire, ce
qui implique un rapport, une parenté entre l'homme et la nature. Il nous faut donc
rechercher cette parenté, étudier quand et comment elle s'est constituée, autrement dit
remonter le cours de l'évolution tout comme nous étudions un arbre généalogique
lorsque nous recherchons des liens familiaux.
L'évolution du processus spirituel
L'idée d'évolution telle que l'avait conçue Darwin était trop entachée de conceptions
matérialistes pour ne pas conduire à une impasse. Il a fallu que Rudolf Steiner ouvre la
voie de l'investigation spirituelle pour lui donner toute son ampleur, et montre que les
découvertes de la paléontologie ne sont en fait que les témoins matériels d'un
processus évolutif dont on ne peut trouver l'impulsion que sur le plan spirituel.
Certains lecteurs trouveront une telle affirmation difficilement acceptable. Il est
cependant indéniable qu'à la lumière des connaissances apportées par Rudolf Steiner,
l'ensemble du problème s'ordonne et les détails obscurs se clarifient progressivement.
L'une après l'autre, les indications de Steiner se vérifient, grâce à des découvertes
qui eussent été impossibles de son temps, et n'auraient pu se réaliser sans les
progrès de la technique; nous en avons donné un exemple dans notre introduction. Par
contre, il n'a pas été possible jusqu'à présent de mettre ses prévisions en défaut.
La vie précède le minéral
Dans La science de l'occulte, publiée en 1910 [1], Rudolf Steiner décrit
l'évolution de l'homme et celle de l'univers comme deux phénomènes inséparables. Les
théories actuelles voudraient nous faire admettre qu'un assemblage fortuit de molécules
aurait jadis donné naissance à un premier être vivant dont seraient issus tous les
autres. Lecomte du Noüy [2], déjà, avait montré l'inanité de cette théorie; plus
récemment W.Heitler, professeur de physique à l'Université de Zürich, en a démontré
l'impossibilité mathématique [3]. D'après la théorie du hasard, les règnes vivants
seraient issus du règne minéral. L'investigation spirituelle montre que c'est l'inverse
qui s'est produit: les êtres vivants sont antérieurs au règne minéral, que l'on peut
considérer comme leur « sécrétion ». Cela serait incompréhensible si l'on oubliait
que ces êtres vivants ont d'abord existé sur un plan spirituel et que leur existence
physique est le résultat d'un processus de densification s'achevant dans la forme
matérielle.
Dans sa forme actuelle, l'homme est le résultat d'une très longue évolution. Cette
maturation était nécessaire pour qu'il atteigne le degré de perfection qui le
caractérise. L'homme est ainsi l'être le plus ancien de l'évolution, bien que, sous sa
forme actuelle, il ait été le dernier à se manifester.
La « décantation », loi fondamentale de l'évolution
Il existe une loi de l'évolution que Rudolf Steiner a bien mise en évidence: pour qu'il
y ait perfectionnement, il est nécessaire que les éléments les plus élaborés, les
plus fins, se séparent des plus grossiers, tout comme un liquide trouble ne peut se
clarifier qu'en laissant déposer les parties les' plus denses. Ainsi, pour que l'homme
devienne ce qu'il est aujourd'hui, il était nécessaire que se produise cette «
décantation » des autres règnes. Au cours de son évolution, l'homme a successivement
rejeté toutes les autres formes vivantes, végétales et animales, lesquelles ont, à
leur tour, déposé le monde minéral.
Ce qui a acquis une structure physique et de ce fait, une certaine dureté, n'a plus une
plasticité suffisante pour être susceptible de se métamorphoser. Seuls pouvaient
évoluer des êtres n'existant que sur le plan spirituel, ou tout au moins ayant un corps
physique encore très malléable. Ainsi, le corps d'un enfant peut encore se modifier,
alors que celui d'un adulte est définitivement fixé.
Continuité sur le plan spirituel - discontinuité sur le plan physique
Les différentes formes de vie connues se sont successivement manifestées sur le plan
physique. Devenues de ce fait trop denses, elles ont pratiquement cessé d'évoluer. Ceci
explique la discontinuité entre les différentes formes que met au jour la paléontologie
et l'impossibilité de découvrir des formes intermédiaires. Mais si l'évolution ne
pouvait se poursuivre chez des êtres définitivement fixés sur le plan physique, elle
demeurait néanmoins possible chez leurs « parents » restés beaucoup plus malléables
et, de ce fait, incapables de laisser des traces matérielles, par exemple sous forme de
fossiles. De même, on ne construirait pas une automobile moderne en prélevant les
pièces d'une ancienne voiture et en modifiant leur forme. La transformation se réalise
dans la pensée de l'ingénieur, donc sur le plan de l'esprit, et le véhicule que nous
utilisons n'est qu'un exemplaire, qu'une étape de sa création. Nous pouvons ainsi
décrire l'évolution comme la création continue d'une intelligence spirituelle dont les
êtres physiques sont les ébauches successives. Dans un livre fort intéressant, W.
Schüpbach [4] a réuni un grand nombre de découvertes de la biologie moderne en parfaite
harmonie avec les indications de Rudolf Steiner.
Degré de parenté entre substances et organisme
Ce qui précède permet d'entrevoir la parenté existant entre le monde extérieur et
l'homme. En dehors du caractère général de celle-ci, des relations plus particulières
entre certains organes ou groupes d'organes et certains éléments de la nature ont été
révélées par Rudolf Steiner. Ainsi, par exemple, la correspondance entre l'oreille
interne et l'onyx, d'apparition simultanée, impliquant une conséquence thérapeutique.
La question que nous avions posée était celle de la possibilité, pour un organisme
humain, de déconstruire une substance naturelle. En vertu de cette parenté que nous
venons d'évoquer, ce processus de déconstruction apparaît réellement possible. Il
l'est cependant à des degrés différents. De toute évidence, l'organisme aura un
comportement fort différent selon qu'il s'agira de substances rejetées par le genre
humain au cours de son évolution, substances dont l'organisme a plus ou moins perdu le
souvenir, ou de substances ayant une structure voisine de ses constituants actuels. Ainsi,
de petites quantités de plomb ou d'arsenic poseront à l'organisme des problèmes
beaucoup plus difficiles que du fer ou du carbonate de calcium. Nous avons l'habitude de
qualifier les premiers de poisons en regard des seconds, mais tout n'est finalement qu'une
question de dose. Au-delà d'une certaine quantité, même le sel marin devient un poison.
D'une façon plus générale, toute substance - même un aliment quotidien comme le pain -
prise en trop grande quantité, devient toxique lorsque l'organisme n'est plus capable de
la digérer, de la déconstruire.
L'organisme et les substances de synthèse
Quelle sera dès lors l'attitude de l'organisme vis-à-vis des substances de synthèse
chimique qui lui sont en principe inconnues ? Sera t-il en mesure de les déconstruire ?
Il n'y a pas dans ce cas de réponse unique: certaines substances de synthèse possèdent
une structure assez voisine de celle des substances naturelles; dans ce cas, l'organisme
en viendra à bout, avec une facilité ou une difficulté comparables à celles qu'il
aurait eues à dégrader leurs homologues naturels. Par contre, d'autres substances lui
sont totalement étrangères; l'organisme « ne sait qu'en faire ». Tel est le cas du
DDT, dont l'organisme est incapable de se débarrasser, qui se fixe peu à peu sur les
graisses, les rendant impropres à leurs fonctions. Il y a ainsi formation à l'intérieur
de l'organisme de structures étrangères que Rudolf Steiner appelait des « fantômes du
corps physique ».
Les forces s'accroissent par sollicitation
Lorsque nous absorbons une substance, ce qui importe pour l'organisme n'est pas tant la
substance elle-même que les forces dont elle est le vecteur, et auxquelles l'organisme
est obligé d'opposer les siennes. C'est en déconstruisant les substances, en s'opposant
à leurs forces propres, qu'il se fortifie, tout comme un muscle ne se développe que par
la force qu'il oppose à la pesanteur (ou à d'autres forces extérieures). Ainsi, les
forces éthériques et astrales de l'homme, ainsi que celles de son Je, s'intensifient
lorsqu'elles sont sollicitées par les processus digestifs. Cependant, il ne faudrait pas
que cette sollicitation dépasse, les possibilités de l'organisme, sinon celui-ci se
résignerait et au lieu de se fortifier, s'affaiblirait. Si nous administrons quelques
centigrammes d'aconitine - substance porteuse de forces astrales intenses - le corps
astral humain sera incapable d'en venir à bout; l'aconitine, dans ce cas, se comportera
en toxique. Son action ne pourra, dans une affection donnée, être bénéfique que dans
la mesure où l'organisme sera capable d'annihiler les forces astrales de ce médicament.
L'organisme "homéopathise"
En fait, comme le dit Rudolf Steiner, l'organisme homéopathise » le médicament, et ce
n'est que dans la mesure où il est capable de réaliser cette homéopathisation qu'il y a
action thérapeutique. Et Rudolf Steiner ajoute qu'en raison de ce fait, il ne devrait pas
y avoir de différends entre allopathes et, homéopathes: en réalité, dit-il, il n'y a
pas d'allopathes, car ce qui a été prescrit sous forme allopathique subit dans
l'organisme un processus d'homéopathisation et ne guérit que par lui [5].
Les découvertes de Hahnemann...
Samuel Hahnemann a eu l'intuition de ces faits, ce qui l'avait conduit aux dynamisations
dont, il est l'inventeur. Infiniment plus courageux que les savants actuels qui sacrifient
des animaux, il expérimenta les substances sur lui-même. Il fit ainsi cette découverte
fondamentale de l'homéopathie, de l'inversion des propriétés d'une substance au cours
de la dynamisation, traduite par l'aphorisme : similia similibus curantur. Il
n'en reste pas moins que la raison profonde de ce phénomène ne pouvait être révélée
que par une connaissance approfondie de l'être humain et de ses rapports avec la nature,
telle que l'a mise en lumière l'anthroposophie.
Le Dr K. Koeller illustre de manière fort imagée cette inversion des propriétés au
cours de la dynamisation par une fable d'Ésope : celle du chien qui, ayant dérobé un
morceau de viande, doit franchir une rivière pour regagner son gîte. Il se jette alors
sur son image dans l'eau qu'il prend pour un autre chien. Tentant de s'emparer du reflet
de sa viande, il lâche son butin bien réel. Le chien représente ici le corps astral, et
le morceau de viande la partie du corps physique dont le corps astral s'est saisi. Pour
lui faire lâcher prise, nous lui offrons un reflet du processus morbide: la substance
dynamisée qui, à dose pondérable, aurait déclenché la même affection. La
dynamisation ne réalise-t-elle pas une véritable image en miroir du processus morbide ?
On comprend facilement que les contemporains de Hahnemann aient mis l'efficacité de sa
méthode en doute. Formés à l'école scientifique-matérialiste, ils ne pouvaient
admettre l'existence de propriétés pharmaco-dynamiques dans des dilutions de plus en
plus élevées. Mais persévérer aujourd'hui dans une telle attitude témoignerait
d'obscurantisme car les preuves scientifiques de l'activité des dynamisations ne manquent
pas.
...et leur confirmation expérimentale
Les premières expériences furent réalisées il y a plus de cinquante ans par L.
Kolisko, du vivant de Rudolf Steiner, qui lui fournit des indications sur la méthode à
suivre. Son principe est le suivant: des gains de blé sont mis à germer dans la
dynamisation à tester, parallèlement à des témoins placés dans de l'eau distillée
[6]. Si l'on utilise, comme l'a fait L. Kolisko, des solutions de sels métalliques, on
s'aperçoit que les basses dynamisations - D1, D2, D3 - ont une action paralysante sur la
croissance des plantules. Ce ralentissement de la croissance s'atténue à mesure que le
taux de la dynamisation s'élève, pour atteindre, à un moment donné, une valeur zéro
pour laquelle il n'y a plus de différence avec les témoins. Si l'on continue
l'expérience avec des dynamisations de, plus en plus élevées, au lieu d'un
ralentissement, c'est une accélération de croissance qui se manifeste. Cette stimulation
de la croissance atteint un maximum à un moment donné, puis décroît à nouveau
jusqu'à un deuxième point zéro au-delà duquel se manifeste une nouvelle action de
frein. Nous obtenons ainsi une courbe présentant trois zones distinctes de part et
d'autre de la ligne des témoins, courbe dont Rudolf Steiner avait prévu l'allure. Il est
important de noter que les expériences de Kolisko ont été conduites avec une grande
rigueur et sont parfaitement reproductibles, comme l'a montré Pelikan plus récemment
[7].
Les expériences de Heintz, méthode biologique...
Depuis, de nombreux chercheurs se sont intéressés à ce problème. Citons, entre autres,
les travaux de Jarricot, de G. Bertrand, de Person, de Devraigne, de Boiron et
collaborateurs, de Wurmser et Lapp, de Peyraud, de Nétien, de Bockemühl, de Junker, de
König et de bien d'autres. E. Heintz, ancien maître de recherches de l'Université
Pasteur à Strasbourg, a publié ses recherches sur les dynamisations [8]. Il a d'abord
observé l'effet des dynamisations successives de coumarine sur des daphnies et sur des
poissons. En basse dilution (D2-D4), cette substance exerce un effet de répulsion sur les
animaux de l'aquarium, puis, à mesure que le taux de dynamisation s'élève, l'effet de
répulsion s'atténue jusqu'à devenir nul vers D10. Si l'on poursuit l'expérience, on
voit alors apparaître un effet inverse d'attraction, qui passe par un maximum aux
environs de D12, puis s'atténue pour s'annuler vers D14. Une nouvelle phase de répulsion
apparaît encore avec un maximum vers D16. Vers D24, la courbe rejoint à nouveau zéro.
Dans ces expériences, les trois phases prévues par Rudolf Steiner sont très nettement
mises en évidence (figures 1-2).
... et physique
Heintz ne s'est pas contenté de ces résultats. En tant que physicien, il chercha à
mettre en évidence les effets de la dynamisation à l'aide d'une méthode purement
physique. Après de patientes recherches, il créa ce qu'il a appelé élément D (figure
3). Celui-ci est constitué par deux électrodes en alliages différents, convenablement
choisis, reliées à un millivoltmètre et mises en mouvement par un vibrateur. Les
électrodes sont plongées dans les dynamisations à tester. Nous passons ici sur les
raisons qui ont incité Heintz à créer ce dispositif [9]. Celui-ci permet d'obtenir une
courbe à trois phases ayant la même allure générale que celles obtenues à l'aide de
récepteurs biologiques (figure 4). L'élément D est un dispositif extrêmement sensible,
aussi est-il nécessaire de procéder aux mesures à température constante. Les courbes
obtenues à diverses températures ont bien la même allure générale, mais, fait
remarquable, celle de 37° présente l'amplitude maximum (figure 5).
Tripartition de la courbe de dynamisation
Rudolf Steiner avait en effet affirmé l'existence des trois zones de la courbe de
dynamisation: « Lorsque vous dynamisez, vous rencontrez tout d'abord un point zéro
au-delà duquel se manifestent des propriétés opposées. Mais ce n'est pas tout; si vous
continuez dans cette voie, vous atteignez un deuxième point zéro où ces propriétés
s'annulent à leur tour. Vous pouvez alors dépasser ce deuxième point et trouver des
propriétés encore plus élevées. Ces dernières, bien que se situant dans la même
ligne que les premières, sont néanmoins d'une nature toute différente [10]. »
Du pondérable vers l'impondérable
Que représentent ces propriétés ? Jusqu'au premier zéro, ce sont indiscutablement les
propriétés physico-chimiques de la matière qui l'emportent: la pesanteur, la cohésion,
etc. Ce qui domine au-delà, c'est l'inverse, c'est, dit Rudolf Steiner, « le rayonnement
». Dans la deuxième phase, la substance diluée rayonne dans le véhicule servant à la
dilution. Après être passé par un maximum, ce rayonnement décroît à son tour
jusqu'au second zéro. Si nous poursuivons le processus, de nouvelles propriétés,
opposées à celles de la deuxième phase, vont prendre naissance. Il ne peut plus s'agir
de cohésion, et pourtant cette nouvelle propriété lui est apparentée. Rudolf Steiner
la qualifie de « structuration ». Au départ, nous sommes en présence de la cohésion
de la substance pondérable; à l'autre extrémité se manifestent les forces de
structuration, nous sommes dans le domaine de l'impondérable. La phase moyenne, dit Marti
[7], oscille entre le pondérable et l'impondérable, entre la cohésion et la
structuration.
Ces notions peuvent être mises en parallèle avec l'idée de la tripartition développée
dans le tome I (chapitre II). Au pôle du métabolisme nous avions rencontré des
processus substantiels, apparentés à ceux de la physique et de la chimie et par
conséquent aux propriétés de la première phase de dynamisation. Du pôle
neuro-sensoriel partent des processus de structuration semblables à ceux qui
caractérisent la troisième phase. Un tel rapprochement conduit à une conception
rationnelle de l'utilisation des différentes dynamisations. Les basses dynamisations
agiront au pôle du métabolisme, les hautes au pôle neuro-sensoriel et les moyennes dans
la région médiane rythmique.
Cela ne signifie pas qu'il faille utiliser systématiquement une haute dilution pour une
affection dont les symptômes apparents siègent à la tête, la cause de la maladie
pouvant parfaitement se situer au pôle opposé. Ainsi, dans une otite moyenne, si nous
administrons Levisticum e rad. en D3, nous agissons directement sur la région
métabolique et indirectement sur les symptômes de l'oreille moyenne.
On pourrait encore se demander si les dynamisations correspondant aux points zéro ne sont
pas dénuées d'effet thérapeutique. Cela n'est certainement pas le cas. N'oublions pas
que ces points ne sont que les moments d'équilibre entre deux ordres de propriétés qui
peuvent parfaitement se manifester à des niveaux différents de l'organisme. La pratique
confirme d'ailleurs l'exactitude de cette façon de voir.
Décimales ou centésimales ?
Vous avez pu constater que les dynamisations préconisées en médecine anthroposophique
sont toujours des décimales (D3, D6, D15, etc.). Pourquoi pas des centésimales à la
manière de Hahnemann ? Rudolf Steiner pensait que les décimales seraient les plus
efficaces. Des expériences de Kolisko, reprises plus tard par Pelikan [7], ont montré
que les courbes obtenues par différents modes de dilution - 1/5e, 1/7e, 1/10e, 1/30e,
1/100e - ont toutes la même allure générale, mais l'amplitude de la courbe est la plus
grande avec les décimales (figure 6). Si, au lieu d'établir la courbe en fonction du
numéro de la dilution (1ère, 2ème, 3ème, etc.), on l'établit en fonction du taux
réel de dilution, les courbes ne sont absolument plus comparables (figure 7). Nous devons
donc attendre - et l'expérience l'a confirmé - un même effet thérapeutique d'une D9 et
d'une C9, d'une D20 et d'une C20, etc., les D semblant toutefois un peu plus efficaces.
Cette correspondance entre les D et les C n'est cependant pas valable pour les basses
dynamisations, dans lesquelles subsistent des propriétés pharmaco-dynamiques dues à la
présence quantitative de substance. Nous aurons alors des différences notables entre les
D et les C. En effet, une D3 correspond à 10-3 et une C3 à 10-6.
Il faut savoir en tenir compte dans les prescriptions.
Cette étude des dynamisations montre qu'il ne peut plus, à l'heure actuelle, exister
aucun doute sur la valeur thérapeutique des préparations homéopathiques. Ceux qui les
ont utilisées pendant de nombreuses années en sont convaincus depuis longtemps, mais il
fallait l'expérimentation pour donner droit de cité à cette méthode si riche en
possibilités. Ceux qui, aujourd'hui encore, la nient, apportent simplement la preuve de
leur étroitesse ou de leur paresse d'esprit, si ce n'est de leur mauvaise foi.
N'oublions pas non plus l'apport considérable de l'anthroposophie tant dans la
compréhension que dans la vérification expérimentale des processus de dynamisation et
de leurs applications thérapeutiques.
NOTES
Les médicaments proposés par Rudolf Steiner ne sont pas de simples mélanges. Pour que
la substance naturelle devienne médicament, il est nécessaire qu'elle subisse certaines
préparations dont Rudolf Steiner a donné les grandes lignes, laissant à ses élèves le
soin de la mise au point. Dans ce but, il était nécessaire de créer un laboratoire
orienté et vers la recherche et vers la production. Celui-ci le fut en 1921 à Arlesheim
(Suisse) et Rudolf Steiner lui donna le nom de Weleda. Ensuite, des filiales ont vu
le jour dans le monde entier. Les recherches concernant l'efficacité des préparations,
les périodes optima de cueillette des plantes et les meilleurs rythmes de dynamisation
n'ont pu être menées à bien que grâce à des méthodes nouvelles et à la
collaboration de médecins anthroposophes. Ceci représente un travail considérable.
Actuellement, il n'existe que deux laboratoires en mesure de fournir des médicaments
répondants entièrement aux exigences de la médecine anthroposophiques: les Laboratoires
Weleda déjà cités (Weleda A.G., Stollenrain 11, CH - 4144 Arlesheim) et les
Laboratoires Wala (Allemagne).
Pour le lecteur passionné par ces expériences, d'autres infos sur les hautes dilutions ou "mémoire de l'eau" peuvent être
consultées
en cliquant ici.
Questions et réponses au sujet de la médecine anthroposophique en Suisse :
cliquer ici.
et voici encore des expériences basées sur les indications de Steiner:
La cristallisation.
BIBLIOGRAPHIE
[1] Rudolf Steiner : La science de l'occulte (1910). Éditions du Centre Triades,
Paris, 4e éd., 1976.
[2] Lecomte du Noüy : L'avenir de l'esprit. Gallimard, Paris, 1941.
[3] Heitler W.: Die naturwissenschaftliche Erkenntnis und der Mensch. Braunschweig,
1961.
[4] Schüpbach W.: Nouvelles perspectives en biologie. Éditions du Centre Triades,
Paris, 1969.
[5] Rudolf Steiner: Médecine et science spirituelle, conférence du 24 mars 1920.
Éditions Anthroposophiques Romandes, Genève, 2e éd., 1984.
[6] Kolisko L.: Physiologischer und physikalischer Nachweis der Wirkung kleinster
Entitäten. Arbeitsgemeinschaft anthroposophischer Arzte, Stuttgart.
[7] Collectif: Potenzierte Heilmittel. Stuttgart, 1971.
[8] Heintz E.: « Le comportement des daphnies sous l'influence des solutions de coumarine
et de sulfate de cuivre ». Comptes rendus Acad. Sci., t. 258, p. 3292.
[9] Heintz E.: « La mesure de l'action des dilutions successives à l'aide de piles
électriques ». Les annales homéopathiques, 1971, p. 515.
[10] Rudolf Steiner : Médecine et science spirituelle, conférence du 31 mars
1920. Cf. supra note [5].